Si l'horloge biologique a plutôt tendance à carillonner dans les oreilles des femmes, elle n'épargne pas pour autant les hommes. En cause, un fait biologique tout bête: plus le temps passe, plus la division cellulaire nécessaire à la production des gamètes est susceptible de «se tromper».
En d'autres termes, plus un homme sera âgé, plus longtemps ses cellules spermatiques se seront renouvelées et plus elles auront accumulé d'erreurs et d'aberrations génétiques plus ou moins délétères pour une putative descendance. Un âge du père que l'on pense corrélé à des troubles neuro-développementaux, comme l'autisme ou la schizophrénie.
Jusqu'à présent, cette bombe à retardement testiculaire n'avait été documentée que chez des primates, mais une étude dévoilée début avril –et en attente de validation par les pairs– l'expose chez nos bons vieux chats domestiques. Ce qui laisse entendre que tous les mammifères et, plus généralement, tous les animaux producteurs de spermatozoïdes, pourraient être concernés.
Risque de trisomie 21
Menée par l'équipe de Richard J. Wang, biologiste à l'Université de l'Indiana à Bloomington (États-Unis), cette étude montre notamment que le taux de mutation par génération chez le chat est légèrement inférieur à ce qui est observé chez l'humain, le résultat étant cependant cohérent avec la maturation sexuelle plus rapide chez ces félins que dans notre espèce. Grâce à l'analyse des génomes de onze groupes de chats (le père, la mère et leurs chatons), Wang et ses collègues constatent que 70% en moyenne des mutations détectées chez les chatons proviennent des pères et que plus ces derniers sont âgés, plus les gènes de leurs petits sont mutés.
Une proportion similaire à celle que l'on retrouve chez les humains, où environ 80% des mutations apparaissant chez un individu alors qu'aucun des parents ne la possède dans son patrimoine génétique –les mutations dites «de novo»– proviennent du père.
Dans les ovules, comme le processus cellulaire n'est pas continu avec des gamètes restant bloqués au dernier stade de la division cellulaire, les anomalies chromosomiques –des mutations à très grande échelle– sont beaucoup plus susceptibles d'apparaître que dans le sperme. La trisomie 21 ou syndrome de Down est la pathologie la plus connue que ces mutations peuvent entraîner.