France

Sarkozy: Et un, et deux, et trois... ans

Temps de lecture : 3 min

En dépit d'une hyper présidence, hyper médiatisée, le bilan est maigre.

Il y a fort à parier qu'à la fin de cette semaine vous en ayez ras la casquette (et nous aussi) des articles bilan sur les trois ans de présidence Sarkozy... Vous n'y couperez pas... comme pour les un an, les deux ans, ou même les deux ans et demi (ben oui, deux ans et demi, c'était la mi-mandat).

Essoufflé, fatigué, lassé

Mais comment faire le bilan d'une hyper présidence hyper commentée? On a un peu l'impression de faire le bilan chaque jour tellement la présence médiatique du président, qui reflète sa présence quotidienne sur le terrain politique, est constante. Hé bien, justement ces anniversaires, ces bornes temporelles imaginaires, nous permettent de nous arrêter dans cette course haletante que nous menons en même temps que le président et au rythme qu'il imprime, rythme de plus en plus dénoncé au sein même de la majorité.

Donc, à un an, deux ans, deux ans et demi et maintenant trois ans... Stop. On s'arrête. On respire un bon coup, histoire d'éviter de nous retrouver comme le président lors de son footing de trop en juillet 2009, essoufflé et par terre. On s'arrête et on se retourne juste pour voir le chemin parcouru. Et là, qu'est-ce que l'on constate? On ne va pas faire le bilan en trois phrases... Mais en matière de sécurité, par exemple, on a couru comme des fous avec le président et en fait... c'était sur un tapis roulant: on est essoufflé, fatigué, lassé... et... on est toujours au même endroit. A tel point que Nicolas Sarkozy est obligé de dire la même chose qu'il y a trois ans sur le sujet.

Sur les questions économiques, on a d'abord couru dans une direction... Souvenez-vous, il fallait adapter le modèle social français à la mondialisation, le libéraliser, courir pour monter dans le train en marche vers une modernité mondialisée. Et puis... septembre 2008: crise financière. Et l'on s'aperçoit que le train sur le marche-pied duquel on tentait de sauter allait dans la mauvaise direction. Et nous voilà reparti dans l'autre sens, vers plus de régulation, d'encadrement, d'interventionnisme... Comme si, dans bien des domaines finalement, la course à laquelle notre président nous convie n'est qu'un footing en salle ou un tour de piste qui nous ramène au point de départ.

En revanche, il est un domaine dans lequel il n'est pas au point de départ: la popularité. Il semble même éreinté et toute la majorité est dans son état. Les parlementaires sont extenués. Ils râlent de devoir voter des lois en urgence, de devoir bâcler le travail législatif. Ils râlent, mais se révoltent en sourdine et se laissent convoquer à l'Élysée une fois par mois par un président qui, pour le coup, est «hyper Premier ministre» ou «hyper secrétaire général de l'UMP». La majorité est donc dans son état et son état est celui d'un président en fin de second mandat. Un peu comme s'il faisait tout tellement plus vite que les autres qu'il était plus prompt, aussi pour la fin.

Huit ans déjà

Mais il a des circonstances atténuantes. En réalité, Nicolas Sarkozy et l'UMP ne sont pas au pouvoir depuis trois ans mais huit. Et il y a trois ans, cette même majorité nous avait promis la rupture! Donc à ce stade de ma démonstration, vous êtes en droit de vous demander comment ça peut finir, si ça ressemble déjà à la fin... Je n'en sais rien!

Depuis la non-élection d'Édouard Balladur en 1995, l'absence de Lionel Jospin au second tour en 2002 et la victoire du «non» au référendum de 2005, il est acté pour tout le monde que faire profession de commenter ce qui se passe ou s'est passé en politique ne donne absolument aucune compétence pour prévoir l'avenir dans cette matière... Donc rendez-vous le 6 mai 2011 pour faire le point sur les 4 ans de Nicolas Sarkozy à l'Elysée... et les 9 ans du RPR/ UDF, puis de l'UMP au pouvoir. J'ai déjà choisi mon thème, original: faire le bilan de tout ce qui aura eu de positif dans les quatre premières années Sarkozy...

Thomas Legrand

Photo: Nicolas Sarkozy Benoit Tessier / Reuters

LIRE EGALEMENT SUR NICOLAS SARKOZY: Comme un air de fin de second mandat, Et si Sarkozy ne se représentait pas en 2012?, Le septennat une fausse solution et Les trois «non» de Sarkozy à Fillon.

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