L'allongement de notre espérance de vie est sûrement l'un des progrès humains les plus impressionnants. Depuis la fin de la grippe espagnole, en 1919, la durée de vie moyenne d'un être humain sur Terre a doublé, rapporte le New York Times, qui publie un long article sur le sujet. Comment expliquer une telle évolution à travers les siècles?
Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, l'espérance de vie moyenne a semble-t-il rarement dépassé les 35 ans, tirée vers le bas par une mortalité enfantine extrêmement importante, et ce, dans toutes les classes de la population.
Dans les années qui suivent, un progrès scientifique, qui remonterait à la Chine ancienne, se répand: la variolisation (ancêtre de la vaccination), c'est-à-dire l'inoculation volontaire de la variole afin de se prémunir de la maladie, qui fait des ravages à l'époque.
Pourtant, au cours du XIXe siècle, l'ensemble des découvertes scientifiques réduisant la mortalité n'ont pas permis d'allonger l'espérance de vie. Le coupable? Les coûts humains de l'industrialisation. Rien qu'aux États-Unis, l'espérance de vie globale a diminué de treize ans entre 1800 et 1850, rapporte le média américain.
Il faut attendre l'invention, au XIXe siècle, puis sa démocratisation (non sans difficulté), début XXe siècle, de l'utilisation du lait pasteurisé pour voir véritablement la courbe de l'espérance de vie s'envoler dans certains pays, ajoute le New York Times. Aux États-Unis ou en Grande-Bretagne par exemple, on vit alors en moyenne jusqu'à 50 ans à cette époque.
S'ensuit une succession d'avancées qui viennent renforcer ce phénomène, allant de l'utilisation du chlore dans l'eau potable au développement des vaccins, en passant par la mise en place de réformes de santé publique. La pénicilline et les antibiotiques ont ensuite emboîté le pas, faisant également grimper la courbe de notre espérance de vie.
Augmentation et Covid-19
Tout n'est pourtant pas tout rose. Ces avancées scientifiques ont également exacerbé la différence d'espérance de vie dans le monde: alors qu'en Inde et dans la plupart des pays d'Afrique la moyenne de durée de vie était de 35 ans en 1950, l'Américain moyen pouvait facilement atteindre les 68 ans.
Il a fallu attendre l'ère postcoloniale qui a suivi pour voir se réduire considérablement cet écart grâce, entre autres, à la baisse de la famine et à la démocratisation des médicaments dans le monde. L'Inde a par exemple doublé son espérance de vie ces soixante-dix dernières années.
Une technique particulière a notamment permis à l'espérance de vie mondiale de connaître une croissance fulgurante: l'utilisation de la thérapie par réhydratation orale, un moyen de prévenir la déshydratation résultant de la diarrhée, notamment chez les enfants. Sans elle, près de 50 millions de personnes seraient mortes du choléra au XIXe siècle, ajoute le New York Times.
Qu'en est-il aujourd'hui, à l'heure du Covid-19? Selon une étude de l'université du Danemark du Sud et de celle d'Oxford, la pandémie «a effacé des années de gain d'espérance de vie». Parmi les 26 pays développés analysés (dont les États-Unis, le Chili et plusieurs pays d'Europe), l'espérance de vie à la naissance a diminué dans 24 d'entre eux.
Dans les chiffres, onze de ces pays ont notamment perdu une année entière pour les hommes, et dans sept pays pour les femmes. En France, cette diminution serait de 0,4 an pour les femmes et de 0,5 an pour les hommes.