Santé

L'AstraZeneca, un jour j'en veux, le lendemain non

Temps de lecture : 3 min

[BLOG You Will Never Hate Alone] Franchement, quand tu en es réduit à demander les services de Sheila pour te convaincre du bien-fondé d'un vaccin, c'est qu'il existe un souci, un très gros souci même.

Je ne sais plus quoi penser de tous ces vaccins... | Marco Verch via Flickr
Je ne sais plus quoi penser de tous ces vaccins... | Marco Verch via Flickr

J'avoue, cette semaine, en me bougeant un peu, j'aurais pu me faire administrer ma première dose du vaccin AstraZeneca. J'étais dans le bon créneau, il aurait suffit que je prenne rendez-vous et à cette heure, je nagerais probablement dans un océan de béatitudes, assuré de ne pas finir mes jours dans le service de réanimation de l'hôpital d'à-côté.

Au lieu de quoi, comme le plus vil des couards, pleutre parmi les pleutres, j'ai préféré attendre deux semaines de plus quand j'aurai le droit à une ration gratuite de Pfizer ou de Moderna. (Pour celui qui l'ignorait encore, je ne vis pas en France!) Il est bien évident que si ces deux autres vaccins n'existaient pas, sans l'ombre d'un doute, avec l'allègresse du premier communiant, je n'aurais pas hésité à recevoir l'onction de celui né dans les laboratoires d'Oxford.

Je sais, j'ai manqué à tous mes devoirs. Je me fais honte. Tout juste si je ne me flagelle pas tous les matins en songeant à quel point j'ai failli. Quelle déconfiture personnelle. Quel manque de cran, de panache. Minable, j'ai été minable. Ce n'est pas que j'ai eu peur d'une éventuelle thrombose –quoique!– mais j'ai jugé en mon âme et conscience plus sage de passer mon tour dans la mesure où j'avais l'assurance d'être vacciné bientôt. Sans quoi, j'aurais répondu sans trembler à la convocation. J'ai beau être le plus grand des trouillards, cultiver une hypocondrie de tous les instants, toujours m'imaginer le pire, je ne suis pas suicidaire pour autant. «Donnez, donnez-moi de l'AstraZeneca et qu'on n'en parle plus», aurais-je chanté à la personne en charge de la vaccination.

Ce n'est tout de même pas de ma faute si pendant des semaines et des semaines, on s'est joué de ce vaccin comme d'autres jouent au jokari, l'été venu. À un moment, je n'étais plus éligible puis je l'ai été avant de ne plus l'être pour finalement le devenir à nouveau. Pour un esprit aussi peu versé dans les sciences que le mien, il y a de quoi être troublé. Un jour, j'avais une chance infime de mourir, le lendemain on me ressucitait, l'heure d'après, on ne savait plus –je restais suspendu entre vie et mort– avant qu'on ne me promette désormais la vie éternelle.

Allez vous y retrouver après cela. Un scientifique disait cela, un ministre voire même un président le contredisait, un autre médecin trouvait plus sage d'attendre des données supplémentaires avant de prendre une décision définitive et moi, à force de les écouter s'engueuler, fatigué par ce ping pong d'avis contradictoires, j'en arrivais à me demander si la prochaine fois que je monterais dans un avion, bien après être vacciné, je risquais plus d'attraper une thrombose que de mourir écrasé par ma rape à fromage.

Je ne suis tout de même pas une boule de loto qui attend son heure pour être tirée au sort! J'ai ma dignité. Allez donc dire à ma voix intérieure que le bénéfice/risque joue très largement en ma faveur, vous verrez comment elle vous accueillera. On ne joue pas avec l'idée de sa propre mort comme on mise sur un cheval pour remporter le tiercé à Longchamp. On prend le temps de la réflexion. On soupèse les possibilités, on s'interroge, on se tâte, un jour on dit: «Oui, bon d'accord, donnez-moi votre putain de vaccin avec son nom à évoquer le dieu aztèque de l'infertilité». Le lendemain, on se ravise et à la fin, on reste là, à se grattouiller les couilles comme un chimpanzé devant un couscous boulettes.

Je n'étais pas considéré comme à risque; je suis à la lettre les recommandations des autorités sanitaires; à part ma compagne, je ne suis en aucun contact rapproché avec personne, hormis mon chat qui lui aussi suit à la lettre les recommandations des autorités sanitaires. En d'autres circonstances, si je n'étais pas ce demeuré d'écrivain qui passe ses journées loin de l'agitation du monde, si j'étais normal, si je n'étais pas un parasite mais un fier travailleur avec un métier qui nécéssite de s'aventurer au dehors, de l'AstraZeneca j'aurais fait ma raison de vivre. Là, au regard de ma situation personnelle, j'ai décidé d'attendre. Ai-je eu tort? Ai-je eu raison? Je n'en ai pas la moindre idée. Nous verrons bien. Comme dirait mes amis scientifiques, la vie est un pari... blablablabla.

De toute façon, quand tu en es réduit à demander les services de Sheila pour te convaincre du bien-fondé d'un vaccin, c'est qu'il existe un souci, un très gros souci même. J'ai beaucoup de respect pour la chanteuse de «L'école est finie» et «Papa, t'es plus dans l'coup», autant de chansons légendaires inscrites au livre d'or de la chanson française et internationale, mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin.

Putain t'imagines un peu, te faire vacciner avec l'AstraZeneca et mourir d'une thrombose cérébrale en écoutant en boucle «Comme les rois mages».

Ou alors pire, écouter en boucle «Comme les rois mages» et finir par choper une thrombose cérébrale sans même passer par la case vaccin.

De ces deux hypothèses, je me demande laquelle est la plus probable.

Franchement, le résultat ne va pas de soi!

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