Avant la défaite de Donald Trump en 2020, aucun candidat républicain n’avait jamais échoué à la présidentielle en Arizona. Des partisans du président sortant, qui s'attendaient à une victoire, ont passé une soirée à scander «count those votes», persuadés que seule la fraude avait pu permettre à Joe Biden de gagner.
Afin d'apaiser les esprits, et malgré l'absence de preuves, les responsables républicains avaient annoncé dès la fin du dépouillement qu’ils conduiraient un audit du comté de Maricopa, le plus peuplé de l’État, afin de lever tous les doutes sur les résultats de l’élection. Seulement, près de six mois plus tard, le processus d’apaisement n’a fait qu’envenimer la situation.
En décembre, peu après le dépouillement, les quatre républicains et le démocrate responsables de l’élection ont résisté aux demandes du sénat de l'État (à majorité républicaine), qui les avaient assignés sans décision de justice à lui fournir l'accès aux 2,1 millions de votes et aux équipements électoraux.
Cette opposition est mal passée, et tous ont reçu des milliers d’emails et de coup de téléphones furieux de militants pro-Trump. Tous les cinq affirment avoir reçu des menaces de mort et se sont vu accorder une protection policière.
Cyber-ninjas et théories du complot
Deux audits indépendants déclarant l’élection valide n'ont pas calmé la véhémence du sénat, qui a menacé d'emprisonner les cinq responsables du scrutin.
Les sénateurs de la majorité sont finalement parvenus à imposer un audit selon leurs propres termes, mené par une entreprise floridienne nommée Cyber Ninjas, que les démocrates estiment «non-qualifiée».
La raison de ces inquiétudes est que Doug Lohan, le PDG de Cyber Ninjas, a posté sur twitter (et effacé depuis) une série de théories du complot à propos de l’élection, dont celle du vol de 200.000 voix en Arizona par l’entreprise de votes électroniques Dominion.
Les voix sont donc désormais stockées dans un stade et gérées par Cyber Ninjas. Seulement, un juge a suspendu le recompte en attendant que l’entreprise lui procure sa procédure de vérification. Cyber Ninja n’a jamais effectué d’audit d’élection auparavant. Quelle que soit la décision qui suivra, difficile à croire qu’elle mettra un terme au conflit.