J'avoue ne pas comprendre l'extraordinaire mansuétude dont on fait montre avec tous ceux –et ils sont nombreux– qui rechignent à se faire vacciner. À croire qu'il faudrait ménager leur susceptibilité sans quoi le sang se mettrait à couler. Pourtant, à en croire les dernières projections de l'Institut Pasteur, près de 90% de la population devra être vaccinée pour espérer retrouver un semblant de vie normale, à l'automne prochain. Autant dire, vu le nombre de personnes qui refusent de l'être, que ce n'est pas pour demain.
On ne va pas quand même pas s'emmerder à porter des masques, à vivre comme des reclus, à crever de solitude pour ne point froisser ces braves gens qui, pour une raison ou une autre, refusent obstinément d'être vaccinés? Il existe une limite à l'amour du prochain et si chacun est libre de penser ce que bon lui semble, cette liberté de pensée ne peut se transformer en une prise d'otage de la population qui devrait endurer mille misères afin de respecter les opinions des uns et des autres d'autant plus quand ces opinions frisent la plupart du temps le délire paranoïaque.
Il existe déjà toute une variété de vaccins qui sont obligatoires en France. Pourquoi celui contre le Covid n'en ferait-il pas partie? Existe-t-il une seule raison valable qui rendrait inopportune cette vaccination obligatoire? On aura beau chercher, on n'en trouvera pas. Les différents vaccins contre le Covid sont sûrs, efficaces et quand l'un d'entre eux soulève des interrogations, on prend mille précautions quant à son utilisation. Dès lors, au nom de quoi devrait-on s'en priver? Pour laisser le champ libre à des désillusionnés de tout poil, qui hier accusaient d'hérésie Galilée et aujourd'hui s'en vont accuser les grands laboratoires pharmaceutiques de régir la marche du monde ou autres foutaises qui sévissent en abondance sur les réseaux sociaux, ces nouveaux dépotoirs de la pensée humaine?
Puisque selon toute probabilité, afin de renouer avec des jours heureux, la pandémie ne nous laisse d'autre choix que de vacciner la quasi-totalité de la population –et encore, rien ne garantit que cela suffise– nous devons collectivement nous atteler à cette tâche. Si nous agissions autrement, nous nous rendrions complices d'une formidable régression qui jetterait un voile sur tous les efforts entrepris par la civilisation pour s'extraire des marécages de l'obscurantisme, de toutes ces forces négatives qui de tout temps ont cherché à restreindre par tous les moyens possibles l'émancipation de l'être humain.
Se faire vacciner devrait être le premier des devoirs civiques. En l'état des connaissances scientifiques dont on dispose, des accomplissements opérés dans des contrées qui ont massivement vacciné leur population, rien aujourd'hui ne s'oppose à ce que cette vaccination soit rendue obligatoire pour tous, à l'exception de ceux qui pour des raisons de santé ne peuvent l'être. Nous avons tous à y gagner et bien peu, voire rien à y perdre. Dès lors, pourquoi tergiverser et s'inventer mille excuses afin de retarder le plus possible cette prise de décision qui pourtant, au regard de la gravité de la situation, s'impose à tous?
Certes, on ne va pas débarquer arme au poing au domicile des anti-vaccins pour les amener de force dans un vaccinodrome où les attendrait un ballet d'infirmières et d'aide-soignants, prompts à piquer la première épaule venue. Cela ferait mauvais genre. Optons plutôt pour la manière douce qui va des encouragements répétés aux exhortations véhémentes. Et si les discours de bon sens continuent à se heurter à l'intransigeance irrationnelle de ceux qui considèrent le vaccin comme un instrument du diable, passons à la vitesse supérieure par l'adoption de mesures qui toucheraient à ce que les individus ont de plus sacré en ce bas monde: le pognon.
En pareil cas, n'en doutons pas, beaucoup se découvriraient de réelles dispositions vis-à-vis des dernières avancées de la science. Évidemment, face à une telle intransigeance, une poignée d'irréductibles ne manqueront pas de créer des filières clandestines qui les verraient trouver refuge en un quelconque Brésil. D'autres se cacheront en attendant des jours meilleurs. Quelques-uns s'en iront réclamer justice auprès de la Cour européenne des droits de l'homme qui les déboutera comme elle a régulièrement débouté leurs augustes prédécesseurs.
Ceci étant réglé, il ne restera plus qu'à produire suffisamment de doses de vaccins.
Et c'est là que les choses se compliquent!
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