Santé / Monde

Au Brésil, ravagé par le Covid, des infirmières inventent une nouvelle «Main de Dieu»

Temps de lecture : 2 min

Avec deux gants en latex remplis d’eau tiède, des infirmières locales essaient de simuler un sentiment de contact humain pour les patients.

La «Main de Dieu» prise en photo par l'infirmière brésilienne Semei Araújo Cunha. | Semei Araújo Cunha
La «Main de Dieu» prise en photo par l'infirmière brésilienne Semei Araújo Cunha. | Semei Araújo Cunha

Deuxième pays le plus touché au monde par l’épidémie de Covid-19, le Brésil a atteint récemment les 337.000 morts de la maladie. Mardi 6 avril, le plus grand pays d’Amérique du Sud a battu son record de décès dus au virus, avec 4.000 victimes. Alors que l’ancien président Lula a parlé du «plus gros génocide» de l’histoire du pays, la Cour Suprême vient d’ordonner une commission d'enquête sur la gestion chaotique du président Jair Bolsonaro. Dans les hôpitaux, en première ligne, les soignants font de leur mieux pour gérer la pandémie. L’une d’elle a fait la Une du média G1 Globo pour ce qui a été appelé «la Main de Dieu».

L’infirmière Semei Araújo Cunha, qui travaille à São Carlos (dans l’état de São Paulo), a rempli deux gants en latex d’eau tiède, a attaché le bout des doigts ensemble et l’a glissé au-dessus et en dessous de la main d’un patient. Le but est double: à la fois de recréer un sentiment de contact humain pour des malades séparés parfois depuis longtemps de leurs proches, mais aussi pour un but médical. «Nous avons décidé de le faire comme une forme d'affection, de câlins, d'humanisation, comme si quelqu'un lui prenait la main, et aussi pour adoucir les extrémités qui étaient très froides», a déclaré l’infirmière à G1.

«C'est très triste et déchirant pour tout le monde. Les patients sont hospitalisés, intubés, sans contact avec leur famille, sans contact avec personne, a déclaré la soignante au média brésilien. On ne leur parle plus que par téléphone ou visio, ils n’ont pas de câlins. S’ils n’ont pas de visites, les patients deviennent vulnérables.»

Face à cette invention pleine d’empathie, un journaliste Sadiq ‘Sameer’ Bhat a qualifié le procédé de «Main de Dieu». «Salut au personnel en première ligne et c’est un rappel brutal de la situation sombre dans laquelle se trouve notre monde!», a-t-il tweeté.

Selon G1 Globo, l’idée est venue d’une collègue de Semei Araújo Cunha, l’infirmière Lidiane Melo, qui travaille dans un hôpital au nord de Rio de Janeiro. Elle a inventé la technique l’année dernière alors qu’elle n’arrivait pas à mesurer la saturation d’un patient. «Sa main était très froide, racontait Lidiane Melo dans un quotidien local à l’époque, cité par le média indien The Indian Express. Je l'ai enveloppé de coton orthopédique et de bandage, ce qui est une pratique prévue en soins infirmiers, mais cela n'a pas fonctionné. La circulation ne s'est pas améliorée. J’ai pensé à mouiller sa main avec de l'eau tiède, mais à cause du risque de contamination, l'idée n'était pas bonne. J'ai réfléchi un peu plus et j'ai mis l'eau tiède à l'intérieur des gants chirurgicaux et je l'ai enveloppée dans sa main.»

Face à la célébrité de la photo de cette «Main de Dieu» et de la technique de sa collègue, l’infirmière Cunha a déclaré sur ses réseaux sociaux que «tout cela a été fait dans un souci d'affection, de confort et de soins pour le patient. Il ne suffit pas d’être professionnel, il faut aussi être empathique».

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