Alors que son procès s'ouvrira le 8 juin prochain, Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société Générale revient sur le devant de la scène en publiant un livre chez Flammarion, L'engrenage, mémoire d'un trader. La tournée médiatique de l'ancien trader commence dès ce dimanche 2 mai avec une invitation au journal de 20h de France 2.
Auparavant, l'ancien trader a donné une longue interview au Journal du Dimanche dans laquelle il détaille sa future ligne de défense. L'enjeu est lourd: Jérôme Kerviel risque cinq ans de prison et jusqu'à 5 milliards de dommages et intérêts:
Il y a beaucoup d'éléments dans le dossier qui, à mon sens, parlent d'eux même - notamment sur la connaissance qu'avaient mes supérieurs de ce que je faisais - et qui n'ont pas suffisamment été exploités [...] Je suis toujours surpris, par exemple, de croiser des gens qui croient que je me suis livré à des intrusions informatiques, des professionnels de la finance qui pensent que j'ai utilisé des identifiants informatiques d'autres personnes, ou que j'ai travaillé au "back office". Or tout cela est faux.
Jérôme Kerviel veut également prouver qu'il n'a pas agit pour son gain personnel, mais pour celui de sa banque. Une position qui ne sera pas simple à défendre alors l'ancien employé de la Société Générale en appelle à son enfance:
Quand j'étais gamin, je travaillais souvent le samedi ou les vacances pour donner un coup de main au salon de coiffure de ma mère, elle m'a élevé comme ça : on se défonce pour l'entreprise dans laquelle on est. Notre culture familiale, c'était ça: un patron t'a offert un boulot, alors tu te bouges pour lui renvoyer l'ascenseur. En quoi est-ce suspect qu'un salarié veuille bien faire?
Jérôme Kerviel revient également sur certains aspects de son livre, dont l'un des plus surprenants: selon l'ancien trader, l'activité des salles de marché est comparable à de la prostitution:
Pour nos chefs, on est des «gagneuses». A la fin de la journée, on entendait la phrase: «Relevé des compteurs!». «Combien t'as fait? T'as été une bonne gagneuse aujourd'hui !». Tous les traders ont entendu ça. Dans ce milieu, c'est chacun pour soi. En salle des marchés, on peut être assis à deux mètres d'un collègue et essayer de profiter de l'erreur qu'il vient de commettre pour faire de l'argent. L'individualisme est poussé à son maximum.
Aujourd'hui, Jérôme Kerviel dit être employé d'une société informatique en banlieue parisienne et gagner 2.300 euros par mois. Loin, très loin des 50 milliards d'euros qu'il avait engagé pour le compte de la Société Générale.
[Lire l'interview sur le site du Journal du Dimanche]
Photo: Jérôme Kerviel en 2008. REUTERS/Gonzalo Fuentes