La natation d'endurance serait aussi dangereuse qu'un long séjour dans l'espace. Selon une étude menée par le Dr Benjamin Levine, professeur de médecine interne à l'École médicale du Sud-Ouest de l'Université du Texas et publiée dans la revue scientifique Circulation, ces deux disciplines peuvent entraîner un rétrécissement du cœur.
Pour ses recherches, le professeur a comparé les effets de 340 jours passés dans l'espace à bord de la Station spatiale internationale (ISS) sur le corps de l'astronaute américain Scott Kelly à la performance du nageur longue distance français Benoît Lecomte. En juin 2018, l'athlète a parcouru 2.821 kilomètres à la nage en 159 jours dans le but de traverser l'océan Pacifique, avant de renoncer. Benoît Lecomte est aussi le premier homme à avoir traversé l'Atlantique à la nage.
Résultat: dans les deux cas, le cœur n'est pas sollicité par la gravité, ce qui entraîne une atrophie de l'organe. «L'une des choses que nous avons apprises au cours de nombreuses années d'études, c'est que le cœur est remarquablement plastique. Il s'adapte donc à la charge qui lui est imposée», expose le Dr Benjamin Levine à BBC News.
Une perte de masse de 19 à 27%
Concrètement, comment s'explique ce phénomène? Dans l'espace, le corps n'a plus besoin de pomper le sang vers le haut, car «vous ne pompez pas contre la gravité», note le professeur. Nager pendant de très longues périodes, soit en moyenne 5,8 heures par jour dans le cas de Benoît Lecomte, modifie également les charges imposées au cœur par la gravité, car la personne se trouve en position horizontale et non verticale. D'autant que le nageur dormait environ huit heures par nuit, ce qui signifie qu'il passait entre 9 et 17 heures chaque jour en position couchée.
Les deux cœurs ont donc commencé à perdre de la masse. «Lorsque nous examinons le ventricule gauche [du cœur], nous constatons une perte de masse totale d'environ 20 à 25% au cours des quatre ou cinq mois pendant lesquels M. Lecomte a nagé», indique le Dr James MacNamara, coauteur de l'étude. «Nous avons constaté une perte de masse de 19% et 27% pour le capitaine Kelly sur l'année.»
Heureusement, ces atrophies cardiaques ne durent pas à long terme: les cœurs des deux hommes ont retrouvé une taille normale dès leurs retours sur la terre ferme, précise l'article de la BBC.