Ni l'UE ni les marchés financiers ne croient plus en la stabilité économique de la Grèce. Et le Portugal et l'Espagne semblent destinés au même sort. Mais à qui la faute, s'interroge le journaliste allemand Robert Heusinger. Dans les pages du quotidien Frankfurter Rundschau, il estime que l'Allemagne a voulu la jouer perso et que députés, fonctionnaires et ministres allemands n'ont pas lésiné sur les allusions racistes pour ternir l'image des Grecs. Angela Merkel ne serait pas non plus blanche de tout soupçon:
La stratégie de la chancelière, qui ne fait qu'inciter les spéculateurs à faire grimper les taux d'intérêts vis-à-vis de la Grèce jusqu'à ce que sa faillite devienne inévitable, relève de l'irresponsabilité la plus totale face à nos partenaires européens, et ce simplement à cause d'élections régionales en Rhénanie du Nord-Westphalie!
Pour Heusinger, l'Allemagne est sans aucun doute aussi fautive que la Grèce dans la crise que traverse l'euro. Il invite donc les néo-nationalistes à reprendre le bon vieux mark:
Reprenez vos fichus marks et laissez la France prendre les commandes de l'Europe. Repaissez-vous de votre sentiment de supériorité! L'euphorie sera de courte durée.
On prend donc le problème à l'envers: ce n'est plus l'Allemagne qui demande la sortie de la Grèce de l'euro. C'est à elle qu'on demande de partir si elle ne déploie pas suffisamment d'efforts pour résoudre les problèmes de la zone euro. Scénario catastrophe:
La réévaluation du mark placerait la monnaie allemande 30% au-dessus de l'euro. Ces 30% constitueront un énorme avantage concurrentiel pour les industries françaises et italiennes mais aussi belges, hollandaises et slovaques. Profitant d'un véritable boom de leurs exportations, les autres pays européens pourront enfin prospérer, sans l'Allemagne.
Les exportations s'effondreront et par conséquent, la croissance. Le chômage augmentera, de même que la dette publique, creusée par l'accroissement des allocations à verser. Puis, au bout de quelques années, viendra le temps des privations.
Pour le journaliste allemand, il n'y a donc qu'une leçon à tirer :
Un crédit de 9 milliards d'euros d'aide pour la Grèce n'est rien comparé à l'égoïsme de l'Allemagne. Qu'il s'agisse d'Athènes ou de Berlin, toute sortie -volontaire ou non- de l'euro est exclue.
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