Grâce à son clip, le nouveau titre de la chanteuse anglaise M.I.A. bénéficie d'un incroyable buzz en dépit de la qualité très médiocre de la chanson. La vidéo, réalisée par le Français Romain Gavras, montre une violente «chasse aux roux» par des soldats américains. Pouvant être lu comme une critique de toutes les discriminations en général, le clip s'affiche violent, brut, sans explication, comme le controversé Stress de Justice, aussi réalisé par Romain Gavras.
YouTube a censuré certaines versions du clip, sans aucune explication. D'autres versions restent disponibles avec un avertissement: «Cette vidéo ou ce groupe a été signalé par la communauté des utilisateurs YouTube et peut donc comprendre des contenus pouvant offenser certains utilisateurs.» Il faut avoir 18 ans pour voir le clip. Le site de vidéos commente très sobrement cette décision: «Les règles de YouTube interdisent des contenus comme la pornographie et la violence gratuite.»
Si la polémique engendrée par le clip profite à M.I.A, elle est aussi du pain bénit pour Romain Gavras, comme l'explique le site Ecrans.fr:
Quant au côté provoc anti-roux, qu’on ne s’y trompe pas : si Gavras avait voulu faire parler de son premier long-métrage bientôt en salles, Redheads (aka Les Seigneurs, en VF), il ne s’y serait pas pris autrement. Le film raconte l’histoire de deux frangins rouquins du Nord de la France (Vincent Cassel et Olivier Barthélémy), qui, lassés des moqueries, décident de partir en Irlande.
Le ramdam autour du clip vient rappeler l'étrange discrimination que subissent les roux, à la frontière entre moqueries bon enfant et véritable racisme. Sur 20minutes.fr, notre ancienne collaboratrice Charlotte Pudlowski revient sur ce phénomène en expliquant que «le net regorge de groupes anti-roux et cela ne semble pas près de s'arrêter. Et pour cause: c’est plus facile de se moquer des roux que des juifs, des arabes, des noirs, des gays, des femmes…».
Selon Alexandra Poli, sociologue au CNRS, citée par 20minutes.fr, les roux sont les grands oubliés des luttes contre les discriminations:
Les digues sont plus fortes sur les blagues concernant les juifs ou les noirs, parce que le passé n’est pas le même. Il y a une vigilance collective, un système d’alerte pour les minorités qui ont déjà été brimées dans le passé, dont on connaît l’histoire. Pour les roux, on n’a pas la même forme de reconnaissance.
[Lire l'article de 20minutes.fr, d'Ecrans.fr et de BBC.co.uk]
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Photo de Une: capture d'écran du clip