Un petit air d'Inception. Pour la première fois, des chercheurs ont réussi à pénétrer dans les rêves de plusieurs individus et ont pu échanger avec eux, révèle un article du quotidien britannique The Independent. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, ils ne se sont pas réveillés.
Les rêveurs ont même été capables de comprendre les questions posées, d'y répondre par oui ou par non, de suivre des instructions, de faire des mathématiques ou encore de s'engager dans des opérations sollicitant un travail de mémoire, d'après l'étude publiée dans la revue scientifique Current Biology.
«Nous avons découvert que les personnes en sommeil paradoxal [cinquième et dernier stade d'un cycle du sommeil, ndlr] peuvent interagir avec un expérimentateur et communiquer en temps réel», analyse dans un communiqué Ken Paller, l'un des auteurs de l'étude et professeur à l'université Northwestern.
Des rêves lucides
Les chercheurs ont ainsi tenté de communiquer avec trente-six sujets originaires des États-Unis, de la France, de l'Allemagne et des Pays-Bas, qui rêvaient de manière lucide, c'est-à-dire que pendant leur sommeil, ils avaient conscience d'être en train de rêver. Certains étaient des adeptes des rêves lucides, d'autres n'en avaient jamais faits.
Selon les participants, les interventions des scientifiques se manifestaient de différentes façons: parfois, elles faisaient partie du rêve, dans un autre cas, elles passaient à la radio d'une voiture ou alors venaient interrompre le rêve en cours. Sur 158 questions, les rêveurs ont répondu correctement dans 18,6% des cas. Les réponses pouvaient également passer par des mouvements des yeux ou des muscles du visage, rapporte l'étude.
Quatre laboratoires ont pris part à cette expérience en utilisant des approches distinctes. Ce qui «atteste de manière encore plus convaincante la réalité de ce phénomène de communication à double sens», précise Karen Konkoly, autrice principale de l'étude. «Ce travail remet en question les définitions fondamentales du sommeil», affirme d'ailleurs Benjamin Baird, un spécialiste des neurosciences cognitives. Au quotidien, ces méthodes pourraient notamment être utilisées pour aider ceux qui ont des difficultés à dormir ou qui souffrent de cauchemars.