France

PS: virage à gauche ou recentrage?

Temps de lecture : 2 min

Autant chercher le sexe des anges!

On a un peu l'impression d'une sorte de vertige, les concepts, les «marqueurs» pour prendre un mot à la mode, les marqueurs donc du socialisme démocratique français sont maniés avec une liberté nouvelle et dont on a encore du mal à voir si tout ça va aboutir à un projet cohérent et susceptible d'être celui du candidat socialiste en 2012. Hé oui, parce que ça ne va pas de soi!

Le projet du PS n'était pas vraiment celui que défendaient Lionel Jospin en 2002 et encore moins Ségolène Royal en 2007... avec le résultat que l'on sait. Les PS-ologues s'écharpent encore d'ailleurs pour savoir si c'était d'abord la faute du projet du parti socialiste ou d'abord la faute du candidat. On les laisse à cette question mais le but de Martine Aubry est à l'évidence que pour 2012, le projet du parti soit celui du candidat. Elle de préférence, bien sûr.

Donc revenons aux fameux concepts qui donnent le tournis. Pierre Moscovici est chargé de plancher avec ses experts à la préparation du, je cite, «nouveau projet de développement», il parle «d'espoir réaliste»... Des idées en matière fiscale ont déjà été proposées. Manuel Valls ou François Hollande dans leurs récents livres ou bien Guillaume Bachelay, jeune espoir du PS, qui se veut, un peu, le Henri Guéno de Martine Aubry, parle de socialisme «post libéral». Ça phosphore même si c'est encore nébuleux, notamment sur les valeurs et le projet de société. Martine Aubry explore la notion de société du «bien-être et du soin mutuel», ça demande encore à être traduit en termes plus concrets, plus «programmatiques». Guillaume Bachelay (dans son livre, La gauche après la crise, aux éditions Jean-Claude Gawsewitch) semble vouloir renouer avec une forme de républicanisme. Il n'hésite pas à dire «notre conception de l'égalité a un corollaire: oui, l'effort et le mérite sont des valeurs de gauche » ou «nous croyons à l'action, à la persévérance, et au labeur».

Plus à gauche?... C'est ce qui se dit beaucoup, notamment au regard des projets fiscaux qui visent à renouer avec une forte progressivité de l'impôt. Le PS tente aussi d'établir des règles pour une nouvelle forme d'interventionnisme de l'État. Le mot «interventionniste», ringardisé ces dernières années, a retrouvé de son éclat à la faveur de l'action intrusive des États pour sauver les banques en 2008. Nicolas Sarkozy revendique aussi ce terme indirectement en parlant de plus en plus de «politique industrielle» volontariste. Donc, d'une certaine façon, on sent poindre, c'est vrai, le retour de certains mots, de certaines notions, étiquetés à gauche, mais en réalité, ce qui se dessine a aussi un aspect beaucoup plus centriste (pas libéral, ce n'est plus à la mode, les sociaux-libéraux ont vécu). Plus «recentré» disons: le PS semble vouloir, cette fois-ci, faire attention à ne pas proposer aux Français une série de promesses d'augmentations de prestations, comme c'est généralement le cas lors des campagnes menées par les socialistes.

La crise et l'état des finances du pays en 2012 interdisent ces surenchères sociales et, pour la première fois, les socialistes n'auront pas comme principal partenaire un parti plus à gauche qu'eux sur ces questions. Les écologistes obligent les socialistes à intégrer de nouveaux paradigmes mais leur permettent aussi, à bon compte, de ne plus promettre la lune sociale. D'ailleurs, Martine Aubry a déjà commencé, à sa façon, en dessinant vaguement une société de rupture avec le matérialisme. L'abandon du «toujours plus». Il faut rompre, dit-elle, avec le «tout-avoir». Plus d'État, moins de surenchère sociale. Ceux qui voudront trouver que c'est plus à gauche seront contents, ceux qui voudront qualifier le projet de plus centriste auront des arguments. Voila qui peut être rassembleur pour le PS... Le problème, c'est que le contraire est vrai aussi!

Thomas Legrand

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Image de Une: Martine Aubry au 47éme Salon de l'agriculture Philippe Wojazer / Reuters

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