Afin d'obtenir la libération d'une civile israélienne détenue en Syrie, le gouvernement de Netanyahou a accepté de financer un approvisionnement de vaccins contre le Covid-19 à destination de Damas.
Jusqu'alors, la version officielle était un simple échange de prisonniers: afin d'obtenir le retour d'une femme israélienne de 23 ans, arrêtée le 2 février à la frontière syrienne, près du mont Hermon, l'État d'Israël consentait à rendre à la Syrie deux bergers, arrêtés eux dans le Golan, il y a quelques semaines.
Mais cet accord aurait eu d'autres implications, encore démenties dans la presse officielle syrienne, et que le gouvernement israélien se refuse à commenter. D'après le New York Times, une négociation secrète se serait tenue entre les deux États ennemis concernant l'envoi vers la Syrie de vaccins de facture russe contre le Covid-19, dont le nombre est encore inconnu. La Russie, qui fournit le vaccin Spoutnik V, devrait jouer le rôle de médiateur.
Les Palestiniens, toujours sans vaccin
Depuis le début de sa campagne de vaccination, Israël a déjà donné au moins une injection à la moitié de sa population, qui compte 9,2 millions d'habitants. La Syrie quant à elle, étranglée par la guerre que mène Bachar el-Assad contre sa population depuis 2011, n'a pas encore commencé à déployer ses vaccins.
La révélation d'un accord qui acheminerait des vaccins anti-Covid-19 vers la Syrie, alors même que les Palestiniens des territoires occupés peinent à se faire vacciner, a provoqué une vague d'indignation. Pour les 2,8 millions de Palestiniens qui habitent dans la Cisjordanie occupée, Israël n'a fourni que quelques milliers de vaccins. La semaine dernière encore, le gouvernement israélien retardait la livraison d'un chargement pour Gaza, qui compte près de 2 autres millions d'habitants.
S'appuyant sur les accords d'Oslo, les autorités israéliennes avaient précédemment déclaré qu'elles vaccineraient leur propre population avant de s'occuper des Palestiniens. Côté palestinien, on invoque par revers la Quatrième Convention de Genève, signée en 1949, selon laquelle toute puissance occupante est tenue, selon les articles 55 et 56, d'assurer «l'approvisionnement […] en fournitures médicales et tout autre article nécessaire lorsque les ressources du territoire occupé seront insuffisantes», et de prendre les «mesures […] nécessaires pour combattre la propagation des maladies contagieuses et des épidémies».
L'accord entre la Syrie et Israël met également l'accent sur le rôle que le vaccin contre le Covid-19 va être amené à jouer dans la diplomatie internationale, et sur les fortes disparités d'accès aux soins entre les États riches et les États appauvris. La Russie, avec Spoutnik V, est à cet égard très bien placée pour faire jouer à plein sa diplomatie du vaccin.