Les images sont stupéfiantes. Tout juste publiées par la Nasa, l'agence spatiale américaine, les photographies prises depuis l'espace montrent des «rivières d'or» traversant sur de larges parcelles l'épaisse forêt amazonienne.
Rare Nasa photo reveals miles of Peru's "rivers of gold" in Amazon rainforest https://t.co/BFFXHupobf
— BBC News (World) (@BBCWorld) February 11, 2021
Ces larges cicatrices dorées sont magnifiques, certes, mais reflètent aussi une triste réalité: celle de l'extraction illégale et destructrice de l'or en Amazonie.
Ici, rien à voir avec des rivières. Ces immenses plaies béantes qui défigurent le cœur de la forêt sont des fosses creusées par des orpailleur·euses illégaux dans la région de Madre de Dios, au sud-est du Pérou.
Cette activité illicite se fait habituellement à l'abri des regards indiscrets et la couverture nuageuse entrave généralement la vue de ces fosses depuis l'espace. Mais une éclaircie a momentanément réfléchi l'eau stagnante de ces bassins artificiels et un astronaute de la Station spatiale internationale (ISS) a réussi à capturer ces clichés rares au mois de décembre 2020.
Une activité toxique et destructrice
L'or de Madre de Dios, dont 90% provenait en 2016 de mines artisanales ou illégales, fait des ravages au Pérou. Son extraction est à la fois un fléau pour les populations locales et une calamité pour la biodiversité de la région.
Avec la hausse des prix de l'or, les habitant·es démuni·es de la région voient en l'exploitation aurifère illicite un moyen de subvenir à leurs besoins. Le revers de la médaille est pourtant lourd: le mercure qu'ils·elles utilisent pour extraire les précieuses pépites finit dans les rivières et empoisonne les populations locales, notamment les indigènes.
Une étude de l'institut scientifique américain Carnegie a montré que neuf des quinze espèces de poissons les plus consommées près de Porto Maldonado, une ville de la région, avaient des niveaux de mercure supérieurs aux normes. Pas étonnant donc de voir que 78% des habitant·es de la ville affichaient eux·elles aussi des taux alarmants de cet élément chimique dans leur corps, ajoute Le Point dans une enquête.
D'un autre côté, l'orpaillage dévore petit à petit la jungle amazonienne. Dans certaines parties de la région, ce serait même le principal facteur de déforestation. En outre, cette activité illégale aurait détruit environ 9.280 hectares d'Amazonie péruvienne en 2018, selon le groupe Monitoring of the Andean Amazon Project. L'équivalent de 13.000 terrains de football.