SeedFuck: ce nom circule sur les forums et les sites spécialisés de la Toile française depuis la semaine dernière. Il ne s'agit pas d'un nouveau concurrent du site de partage de vidéos pornographiques YouPorn, mais d'un logiciel présenté par certains comme la nouvelle arme anti-Hadopi.
De quoi s'agit-il exactement? Un outil de «Torrent poisoning» qui permet de polluer les réseaux de peer-to-peer en inondant les trackers Torrent de fausses adresses IP. Vous ne suivez pas? Heureusement, le site PC Inpact offre une métaphore qui permettra aux non-initiés d'y voir plus clair :
Dans un sombre château, Frankristerstein [référence au député Franck Riester, rapporteur de l'Hadopi], un savant fou, a conçu avec ses amis une machine capable de placer des morceaux d'ADN de n'importe quelle personne sur n'importe quel lieu de crime (réel ou potentiel). Il appuie sur un gros bouton et hop : des poils, ongle, gouttes de salive et autres productions du corps humain, sont placés sur une scène de meurtre. [...] Là interviennent de fins limiers à qui on a dit que l'ADN, c'est du sûr à 100%. Ils consultent un gros catalogue «ADN-nom du citoyen», pour lancer la machine judiciaire aux trousses du déjà coupable.
Remplacez la machine par Seedfuck, l'ADN par les adresses IP et les fins limiers par Hadopi. La finalité de ce nouvel outil: freiner la chasse aux pirates en compliquer la tâche des sociétés chargées de relever les infractions au téléchargement à partir des adresses IP.
Le blog Bluetouff a rapidement fait remarquer que «polluer les réseaux P2P avec des adresses IP serait passible de poursuites selon l'article 434-23 du Code Pénal», selon lequel «le fait de prendre le nom d'un tiers, dans des circonstances qui ont déterminé ou auraient pu déterminer contre celui-ci des poursuites pénales, est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende». La pratique pourra aussi être la cible du futur délit d'usurpation d'identité numérique prévu par la LOPPSI.
Les sites spécialisés ne s'accordent pas sur l'efficacité du «Torrent poisoning» pour lutter contre Hadopi. 01Net s'interroge ainsi: «inondé de leurres, le réseau ne risque-t-il pas de devenir inutilisable pour ses membres, ou du moins peu fiable? Ce qui conduirait au bout du compte à l'objectif visé par la Hadopi : neutraliser le téléchargement illicite.» Mais tous s'accordent à dire que ce procédé démontre la faiblesse du niveau de preuves exigé par l'Hadopi pour faire condamner un internaute.
[Lire les articles sur PC Inpact, 01Net, ITespresso, Bluetouff]
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Photo de Une: CAT5e / RJ-45, Justin Marty, via Flickr CC License by