Monde

En Corée du Nord, le maquillage comme arme de rébellion des millennials

Temps de lecture : 2 min

Sur les marchés noirs du pays, les cosmétiques sont une porte ouverte vers le monde pour la génération «Jangmadang».

Une femme au-dessus des toits de la ville de Pyongyang, en Corée du Nord, 16 juin 2019. | Ed Jones / AFP

 
Une femme au-dessus des toits de la ville de Pyongyang, en Corée du Nord, 16 juin 2019. | Ed Jones / AFP  

La mode n'a décidément pas de frontière. Dans le pays le plus fermé du monde, produits de beauté, vêtements tendance et maquillage se répandent sur le marché noir, poussés par une jeune génération assoiffée de liberté.

Il faut dire qu'en Corée du Nord, le code vestimentaire est strictement limité, contrôlé par un gouvernement qui dicte d'une main de fer les normes de beauté. «Mettre du rouge à lèvres est par exemple inimaginable en Corée du Nord», explique à CNN l'actrice Nara Kang, originaire de là-bas et désormais réfugiée à Séoul. «La couleur rouge représente le capitalisme.»

Oubliez accessoires, bijoux, jeans moulants et mini-jupes: l'apparence doit être épurée de tous les signes perçus comme trop ​​occidentaux, les cheveux longs doivent être noués ou tressés et le maquillage limité au possible.

En ville, il est difficile de passer entre les mailles du filet. La «Gyuchaldae», la police de la mode, se trouve à chaque coin de rue. Pour celles et ceux qui enfreignent les règles, les punitions varient de la simple remontrance à l'humiliation publique, voire aux travaux forcés et à la prison.

Ces sanctions n'effraient pourtant pas les millennials. Les nouvelles générations n'hésitent plus à braver les interdictions et plongent bien volontiers dans la culture du monde extérieur, grâce notamment au «Jangmadang», ces marchés locaux où l'on vend de tout –même des produits illégaux.

Génération «Jangmadang»

Les «Jangmadang» ont commencé à prospérer dans les années 1990, quand une famine ravagea le pays et poussa les Nord-Coréens à se tourner vers ces marchés locaux pour pallier les faibles rations gouvernementales. Aujourd'hui, ils ont toujours la cote et sont devenus le point d'entrée des produits illégaux, passés en contrebande depuis les pays voisins, notamment la Corée du Sud.

Un produit s'y arrache particulièrement: des clés USB sur lesquelles sont copiés les programmes télévisés, les films et les musiques sud-coréennes –notamment issus de la K-pop et K-drama. «Cela a un effet sur les tendances de la mode, les coiffures et les normes de beauté en Corée du Nord», ajoute au média américain Sokeel Park, directrice de la recherche et de la stratégie au groupe de défense des droits humains Liberty in North Korea.

Ce contact avec le monde extérieur incite notamment les jeunes Nord-Coréennes à se procurer les mêmes produits cosmétiques que leurs voisines du Sud, comme des rouges à lèvres ou du mascara, qui s'achètent à prix d'or. Le phénomène est tel que les millennials du pays sont désormais appelés la «génération Jangmadang».

Cette sous-culture en pleine expansion, loin des codes du régime, est à la fois un acte de résistance, de rébellion et un moyen d'expression pour les jeunes du pays. Elle illustre également des changements dans la société nord-coréenne, phénomène dont le gouvernement ne serait pas dupe.

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