Au cours du 1er trimestre, les ventes de voitures neuves n'ont pas cessées d'augmenter en Europe: +9,2%. «Ça va baisser» assurent les industriels... Premier signe un recul des ventes en avril sur le marché français de 2,2%. La fin des primes à la casse devrait se traduire par une chute des ventes de 13%, dans les prochains mois. A moins que...
La crise? Quelle crise? Où ça une crise? Regardons les chiffres des ventes de l'industrie automobile en Europe. Voyons large: 30 pays de l'Islande à Chypre. Il ne manque que la Russie et la Turquie. En crise, les immatriculations de voitures neuves devraient chuter. Eh bien, pas du tout.
Depuis le 1er janvier 2010, le nombre de voitures neuves vendues a augmenté en Europe de 9,2% (3,8 millions d'immatriculations, selon des chiffres encore provisoires). Une croissance quasi asiatique. Resserrons la visée pour regarder les 5 grands marchés, l'Allemagne, la Grande Bretagne, l'Espagne, l'Italie et la France: +9% (2,8 millions d'immatriculations au court du premier semestre de l'année). Pareil.
Alors où faut-il aller pour trouver une crise, une vraie, avec un effondrement du marché automobile? Dans les pays Baltes (-25%, 4.600 immatriculations), en Bulgarie (-26%, 4.400 imm.), en Roumanie (-44%, 17.000 imm.), en Pologne (-10%; 79.100 imm.) ou en... Allemagne.
De l'autre côté du Rhin, les ventes de voitures neuves n'arrêtent pas de chuter: -23% (670.300 imm.) L'exemple, en matière d'orthodoxie économique semble lui en crise, quand la France (+17%, 595.000 imm.), le Royaume-Uni (+27%, 611.600 imm.), l'Italie (+23%, 665.300 imm.) et surtout l'Espagne (+45%, 286.200 imm.) connaissent un véritable boom automobile.
Pour le reste, on assiste à une drôle de danse de la pluie de la part des constructeurs et des économistes. Elle va tomber, le marché va chuter mais quand? «Début 2009, nous attendions une chute des ventes de 20%, en milieu d'années nous parlions de -12% et en fin d'année nous étions à -1,6%», dit-on prudemment chez Peugeot-Citroën. Philippe Varin, le patron de Peugeot SA, parie sur une chute des ventes en Europe de 9%. Chez Renault on avance -10%. Pour Sergio Marchionne, administrateur délégué de Fiat, la chute sera de 14%. Il attend 11,59 millions d'immatriculations quand, après trois mois, l'Europe campe sur une tendance à 15 millions! En Allemagne, l'analyste Ferdinand Dudenhöffer, assure que le recul sera d'un million de voitures... Et en attendant ça monte.
«Nous restons sur l'élan des primes à la casse. En France, les clients avaient jusqu'à fin mars pour prendre livraison de leur voiture. Du coup, la baisse ne sera sensible qu'à partir du mois d'avril», explique-t-on chez PSA. Sur les 14 premiers jours du mois le signe «moins» apparaît : -2,2%. Et le scénario est identique en Grande Bretagne, en Italie et en Espagne. Du coup, chacun regarde l'exemple outre-Rhin: +23% en 2009, avec la prime à la casse, -23% depuis le début de l'année 2010.
Si donc la récession s'installe, osons le mot, et si elle est bien au bout de l'année de 9%, les ventes devraient reculer dans les prochains mois de 13%. Cela va-t-il se traduire par une réduction de la production automobile en Europe? Sans doute, mais, pour l'instant Peugeot (+19%, 282.600 imm.) Citroën (+18%, 237.400 imm.) et Renault (+35%, 325.300 imm.) sont plutôt mieux placés quand les constructeurs japonais trébuchent. Pour s'en sortir il faut avoir des voitures nouvelles qui jouent sur le décalage par rapport à la gamme classique comme la Peugeot RCZ ou la Citroën DS-3, on peut aussi viser le haut de gamme et se rapprocher de Mercedes comme vient de le faire Renault.
Philippe Douroux
LIRE EGALEMENT SUR L'AUTOMOBILE: Mercedes aussi doit faire des économies, Renault revient 25 ans en arrière et Il n'y a pas d'âge pour les petites voitures.
Image de Une: Des Vauxhall sur le parking de l'usine de Ellesmere Port en Angleterre Phil Noble / Reuters