Dans le sérail du rock indépendant, il existe une poignée de personnalités fuyantes et incontrôlables. Il y a Anton Newcombe, le leader sociopathe du Brian Jonestown Massacre. Mais il y a surtout Daniel Johnston, ce génie bipolaire qui hante le paysage depuis près de 30 ans. Jeudi, avant de monter sur scène au Bataclan, le songwriter dysfonctionnel devait se plier au traditionnel exercice promotionnel, répondre à la presse. Comme d'autres journalistes, Pierre Siankowski, des Inrockuptibles, aurait dû être une victime collatérale. «Au départ c'est une interview qui aurait pu tout bonnement être annulée», écrit-il dès l'attaque de son article.
Au lieu de ça, Siankowski a de la chance. En regagnant son bureau, il reconnaît la silhouette de Daniel Johnston sur un trottoir:
Enormes baskets au pied, jogging noir un peu lycra, veste de cuir trois-quarts de flic un peu, et tête d'ahuri total, une cigarette collée au bec. Je lui parle? Il faudrait mais le type à l'air un peu bizarre. Il s'éloigne lentement, et puis je décide de le suivre.
Quand il finit par l'aborder, dans une supérette de la rue Saint-Sabin, le frère de l'artiste lui propose de les suivre. De leur hôtel aux bacs du Gibert Musique, en passant par un McDonald's, le journaliste cale ses pas dans ceux, hésitants, du gros Daniel. Ensemble, ils parlent de Queen, de tournées, de «quarter pounder with cheese»:
Il chantonne un truc en regardant par la fenêtre. Le taxi arrive à son hôtel, Daniel Johnston descend et me dit à ce soir. Dans quelques heures, il sera sur la scène du Bataclan.
Et Siankowski aura son bel article gonzo.
[Lire l'article sur le site des Inrocks]
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Photo de une: Daniel Johnston / evilcabeza via Flickr CC License by