Jean Bothorel, journaliste et essayiste français, publie jeudi 15 avril un texte retentissant dans le journal suisse La Tribune de Genève. Bothorel dresse un constat sombre de la situation politique de Nicolas Sarkozy et propose rien de moins qu'une dissolution. Une hypothèse institutionnelle qui semblait grillée depuis 1997 et l'échec de celle de Jacques Chirac.
Selon le journaliste, Sarkozy ne parvient pas à trouver de solutions pour trouver un second souffle après la défaite de l'UMP aux régionales:
Pour l’instant, sa double contre-offensive n’est guère convaincante: «recadrer» son image et sa pratique du pouvoir; maintenir le rythme des réformes sans lesquelles, affirme-t-il, nous ne cesserons d’hypothéquer notre avenir, sans lesquelles nous ne retrouverons pas le chemin de la croissance. Quand bien même il aurait raison, il s’agit là d’une stratégie dont les retombées positives sont à moyen ou à long terme, alors que les effets négatifs peuvent être immédiats.
Jean Bothorel propose donc d'appuyer sur le «bouton atomique», la dissolution de l'Assemblée nationale.
Nicolas Sarkozy dispose d’une Constitution qui lui permet, en provoquant des législatives, de prendre les Français à témoin: «Puisque vous n’êtes pas satisfaits de ma politique, puisque, par votre abstention, vous vous désintéressez de la chose publique, eh bien! je vous donne l’occasion de vous re-mobiliser et de choisir, si vous le souhaitez, une autre politique. La balle est dans votre camp, à vous de vous déterminer en citoyens responsables.» Dissoudre, c’est donc mettre les Français, les partis de droite comme de gauche, au pied du mur. C’est essayer de dissiper, avec panache, cette atmosphère malsaine et pleurnicharde où nous baignons.
Selon le journaliste, cette dissolution serait payante... en cas de défaite de Nicolas Sarkozy.
Ainsi les Français pourraient très vite juger des capacités, face à la crise, d’un gouvernement dit de gauche, après avoir jugé celles d’un gouvernement dit de droite. Quant à Nicolas Sarkozy, plus ou moins retiré sur son Aventin, il pourrait troquer ses habits d’omniprésident hyperactif contre ceux d’un arbitre amusé et placide. D’ici à deux ans ne trouverait-il pas, dans son nouveau rôle, tous les atouts pour se replacer en première ligne sur la scène politique?
Perdre l'Assemblée en 2010 pour mieux gagner en 2012, il suffisait d'y penser. Reste à savoir si cette hypothèse iconoclaste lancée depuis la Suisse fera son entrée dans le débat public français.
Jean Bothorel, 70 ans, est un ancien journaliste de L'Expansion, du Matin de Paris et du Figaro.
[Lire l'article dans La Tribune de Genève]
Photo: Reuters
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