Chaque année, pour beaucoup d'entre nous, le mois de décembre est synonyme de bilan. Classement des meilleures séries vues au cours de l'année civile ou résumé de son activité professionnelle: à chacun·e son résumé maison, qui intègre de façon plus ou moins explicite la notion de productivité.
Pour le Guardian, le journaliste Joel Golby tient cependant à rappeler un élement essentiel: si vous avez la sensation de ne rien avoir accompli en 2020, c'est parfaitement normal. Cette remarque est d'ailleurs vraie pour toutes les années qui précèdent, et pour toutes celles qui suivront.
S'il semble humain de s'auto-congratuler pour les avancées personnelles ou professionnelles effectuées au cours de l'année écoulée, comme ce fut le cas sur Twitter au cours des derniers jours de décembre, il ne faudrait pas que ce genre de bilan individuel nous pousse à croire qu'une liste vide serait synonyme de vie ratée.
Joel Golby confie avoir eu la sensation de ne rien avoir accompli durant le premier confinement, et que même la lecture d'environ vingt-cinq livres (ce que tout le monde n'a clairement pas eu la possibilité de faire) ne lui a pas donné l'impression d'avancer. Le bilan de son deuxième confinement est d'ailleurs sensiblement le même.
L'année semblait pourtant idéale pour concrétiser enfin certaines des fameuses résolutions prises le 1er janvier («adopter une meilleure hygiène de vie, apprendre une langue étrangère ou un instrument, cuisiner davantage»). Mais une immense majorité d'entre nous sait bien que le confinement n'a pas permis de réaliser des avancées significatives. Au mieux, on sera parvenu·es à (re)voir Les Soprano en entier, fait remarquer le journaliste.
Faire la paix avec son manque d'ambition
À l'heure des bilans, une question piège nous attend au tournant: qu'aurais-je pu accomplir si j'avais été plus efficace, ou si j'avais fait preuve de davantage de courage? Joel Golby dit avoir envisagé différents scénarios, sans pour autant s'être senti dévoré par la culpabilité. Ce qui n'est sans doute pas le cas de tout le monde.
«En un sens, analyse le journaliste, je suis heureux d'avoir appris quelque chose à propos de moi-même: les limites de mon propre manque d'ambition. J'ai passé ma vie à me dire que j'étais capable d'être ambitieux et motivé, que je pouvais accomplir de grandes choses, mais que j'avais juste besoin des conditions idéales. Il me fallait suffisamment de temps et d'argent, et je devais également me sentir dans le bon esprit pour pouvoir y arriver.»
Si, dans le cas de Joel Golby, toutes ces conditions semblaient être réunies durant les confinements successifs, il n'a pourtant rien accompli de particulier. «Si une pandémie mondiale ne peut pas me forcer à me mettre au yoga, alors rien ne le peut», conclut le journaliste sur un ton résolument positif.
Vous pensez ne rien avoir accompli en 2020? C'est faux. Déjà, vous avez survécu. Ensuite, vous voyez sans doute le verre à moitié vide. Enfin, et c'est ce qu'il faut retenir de l'article du Guardian, vous vous serez sans doute débarrassé·e de la frustration qui vous animait au quotidien lorsque vous pensiez que dans les conditions parfaites, vous pourriez écrire le roman du siècle ou vous forger le torse de Zac Efron. C'est une façon de trouver la paix.