C'est le requin le plus rapide au monde. Le requin mako, aussi appelé requin-taupe bleu, fort de ses 600 kilos, peut atteindre les 55 kilomètres par heure pour attraper ses proies, thons, poissons pélagiques ou autres céphalopodes mal avisés. Il n'est pas assez rapide cependant pour échapper aux pêcheurs, dont l'activité a conduit à sa disparition progressive.
Particulièrement prisé par les pêcheurs sportifs états-uniens de l'Atlantique Nord qui goûtent sa chair et ses ailerons, il est surtout victime de la pêche intensive qui vise d'autres espèces de poisson: capturé accidentellement le plus souvent, il fait partie de ce qu'on appelle les «prises accessoires». En 2019 les bateaux ayant récupéré des requins mako dans l'océan Atlantique venaient principalement d'Espagne, du Portugal et du Maroc.
Pas de consensus, pas de protection
La même année, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) avait poussé des gouvernements internationaux à voter une réglementation visant à protéger certaines espèces menacées, dont le requin mako. Cette réglementation n'avait cependant pas mené à une interdiction de pêche, demandée par le Canada, qui a été rejoint cette semaine par la Grande-Bretagne.
Les États-Unis et l'Union européenne ont quant à elles refusé de concert de soutenir cette interdiction, arguant qu'elle ne permettrait pas de mettre fin à la mortalité du mako, principalement victime de captures accidentelles. L'absence de consensus a poussé le comité de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT) à repousser toute décision en 2021.
D'après les scientifiques de l'ICCAT, même si la pêche du requin mako cessait immédiatement, il faudrait attendre près de cinquante ans avant que l'espèce se reconstitue.
«L'épuisement des spécimens de mako dans l'Atlantique Nord reste l'une des crises les plus urgentes au monde en matière de conservation des requins, mais l'Union européenne et les États-Unis ont placé les intérêts de la pêche à court terme au-dessus de tout et ont gâché une occasion en or de convenir d'un remède clair et simple», a déclaré Ali Hood, directrice de la conservation de l'ONG de protection animale Shark Trust.
L'ICCAT a recommandé que la pêche de mako soit réduite de 3.000 tonnes par an à 300 afin de permettre à l'espèce de se stabiliser, mais dans la mesure où il s'agit de simples recommandations, rien ne garantit que cela sera suivi d'effets. Les requins mako femelles ne donnent naissance qu'à quatre à vingt-cinq petits tous les trois ans, au terme d'une gestation de quinze à dix-huit mois.