Le confinement pourrait nuire à notre mémoire. Bien qu'il soit encore trop tôt pour comparer scientifiquement nos capacités de mémorisation avant et après la pandémie de Covid-19, de nombreuses personnes témoignent d'un sentiment de défaillance de leur mémoire. Des travaux de recherche sur la façon dont fonctionne notre mémoire indiquent quelques pistes qui permettraient d'expliquer en quoi notre environnement pourrait avoir un impact sur nos souvenirs.
Tout d'abord, l'isolement et la diminution de nos interactions sociales affectent le fonctionnement de notre cerveau. Confiné·es, nous n'avons plus l'occasion de discuter à plusieurs autour d'un café ou lors d'une soirée. Ces conversations, qui peuvent paraître sans intérêt, sont en réalité l'occasion de répéter nos souvenirs et de consolider notre mémoire épisodique. Sans contact humain, notre mémoire flanche plus facilement.
Certaines personnes essayent de compenser leur manque d'interactions sociales par l'utilisation de nouvelles technologies qui permettent de continuer à communiquer. Toutefois, ces conversations sont différentes. Il est par exemple moins courant de mentionner des petites choses sans importance lors de discussions en ligne. Ces détails sont alors plus facilement oubliés.
Pour beaucoup, l'anxiété s'ajoute au manque d'interactions sociales. La psycho-biologiste Daisy Rancourt et son équipe de l'University College London ont observé que la moyenne de personnes souffrant d'anxiété au Royaume-Uni est actuellement particulièrement élevée parmi les individus jeunes, ceux qui vivent seuls ou avec des enfants, qui ont de faibles revenus ou qui habitent dans des grandes villes. Or, l'anxiété et la dépression affectent notre mémoire.
La sédentarité, facteur aggravant
Le confinement empêche de se fabriquer divers moyens mnémotechniques en utilisant des repères. En temps normal, nos déplacements dans la ville et au sein de notre espace de travail permettent de ponctuer nos journées et d'associer nos souvenirs à des lieux différents. Néanmoins, en travaillant depuis chez soi, le cadre spatial reste toujours identique, quelles que soient nos activités.
La fatigue est également un facteur qui aggrave nos capacités mnésiques. Elle est amplifiée par les efforts de concentration que demandent le télétravail et les visioconférences. De plus, un nombre croissant d'individus disent souffrir d'insomnies depuis le début de la pandémie.
D'après Catherine Loveday, professeure en neuroscience cognitive à l'université de Westminster, notre sédentarité influe considérablement sur notre mémoire. En restant chez soi, nous utilisons moins notre hippocampe, qui joue un rôle central dans la mémoire et la navigation spatiale. Pour stimuler notre mémoire, il est donc conseillé de continuer à régulièrement se balader. Catherine Loveday suggère également de différencier du mieux possible sa semaine de son week-end, et de raconter ses journées à des proches pour consolider ses souvenirs.