Lors des funérailles du pape Jean-Paul II, né Karol Wojtyła, le slogan Santo Subito! (en italien «Saint tout de suite!») a été scandé et déployé sur des banderoles sur la place Saint-Pierre. Les fidèles réclamaient une béatification immédiate du souverain pontife.
Loin d’être spontanée, cette demande était en réalité organisée par Stanisław Dziwisz, cardinal polonais et proche de Jean-Paul II et par le mouvement des Focolari, apprécié du pape. Cette requête s’appuyant sur une popularité réelle de Jean-Paul II , son successeur Benoit XVI organisa rapidement sa canonisation.
Jean-Paul II est devenu un saint de l’église catholique en 2014, soit moins de dix ans après sa mort. Seulement, une investigation menée par l’Église elle-même vient de ternir sa réputation.
Un rapport affirme que Jean-Paul II a choisi d’ignorer les accusations d’agressions sexuelles, dont certaines sur mineurs, à l'encontre de l’ex-Cardinal Theodore E. McCarrickn, le laissant ainsi de grimper les échelons de l’Église alors que ses exactions étaient connues.
Canonisation express
Jusqu’à ce que le Pape François le défroque en 2019, McCarrick était une figure importante du catholicisme aux États-Unis. Ancien prêtre à New York, il est nommé cardinal en 1999 par Jean-Paul II en personne.
D’après l’enquête dont les conclusions ont été rendues publiques le 10 novembre, le pape avait été alerté en amont, notamment par John O’Connor, alors archevêque de New York.
«Il a été canonisé trop vite», estime Kathleen Cummings, directrice du département «Catholicisme aux États-Unis» à l’Université de Notre Dame. Pour elle, si la canonisation avait pris plus de temps, ces «preuves incriminantes» auraient probablement stoppé le processus.
En effet, la canonisation de Jean-Paul II a été menée en quatrième vitesse, et ce malgré quelques protestations, notamment liées aux questions de pédophilie dans l'Église.
Ironiquement, Jean-Paul II lui-même a considérablement accéléré le processus de canonisation. Sous son pontificat, le nombre de miracles nécessaires pour devenir saint est passé de deux à un, et la période minimum entre mort et canonisation a été réduite de 50 à seulement 5 ans.
Malgré des appels à cesser son culte, certains continuent de soutenir l’ancien pape. La conférence épiscopale polonaise notamment souligne que l’infaillibilité n’est pas une caractéristique des saints et considère uniquement que Wojtyła a été abusé par un menteur.