L'équipage du Bristol Leader passait une excellente journée lorsque la radio s’est soudain affolée. Une voix avec un fort accent russe intima au chalutier, qui pêchait du cabillaud au large de l’Alaska, de s’éloigner car il se trouvait en danger.
Alors qu’il croisait à dans les eaux territoriales américaines, le Bristol Leader s'est retrouvé cet été, avec d’autres bateaux de pêche, au beau milieu d’un exercice militaire russe impliquant avions, navires de guerre, et même un sous-marin.
Cette expérience effrayante n’est pas un cas isolé. Depuis quelques années, la Russie intensifie sa présence dans l’Arctique et le Pacifique nord. La fonte progressive des glaces dans la région ouvre de nombreuses perspectives, que Moscou compte bien exploiter.
Gisements d’hydrocarbures, routes commerciales inédites et même croisières promettant de parcourir des eaux rarement visitées par l’homme: malgré les dangers pour l’environnement, la Russie espère saisir toutes ces opportunités.
Mais le passage de tankers et autres navires scientifiques ou commerciaux nécessite une présence militaire renforcée. C’est d’ailleurs un droit que les États-Unis leur reconnaissent.
La Russie jauge les réactions de son rival
Les garde côtes ont toutefois été surpris par l’agressivité des militaires russes à proximité, et parfois à l’intérieur des eaux territoriales américaines. Après avoir refusé de d’obéir à l’avion russe qui lui intimait de quitter les lieux, le Bristol Leader affirme avoir été approché par un navire militaire et craint pour la sécurité de son équipage.
Cela fait plusieurs années que l'un des sénateurs d’Alaska réclame une présence militaire intensifiée dans son État, et il pourrait bientôt obtenir gain de cause.
Récemment, la Russie a envoyé plusieurs fois des bombardiers longer la limite de l’espace aérien américain. L’US Air Force assure que ces approches n’ont jamais créé d’incidents, mais qu’il est clair que la Russie teste les capacités d’intervention de NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, une coopération américano-canadienne).
Les bases militaires navales et aériennes d’Alaska se trouvent pour la plupart non loin d’Anchorage, sa ville la plus peuplée, à plus d’un millier de kilomètres de la Russie. Les États-Unis envisageraient donc selon le New York Times la construction d’un port à Nome, bien plus proche du territoire de son adversaire, ainsi que la construction d’une demi-douzaine de navires brise-glace.