S'il est bien connu que le changement climatique constitue une menace pour notre santé, il semblerait que le réchauffement de la planète rendrait particulièrement vulnérables les femmes enceintes. En analysant soixante-dix recherches conduites dans différents pays du monde, une nouvelle étude suggère qu'être enceinte pendant une période de forte chaleur pourrait être associé à une augmentation du risque de naissance prématurée ou de fausse couche, particulièrement dans les pays à faible et moyen revenu. Bien que ce risque soit actuellement minime, les scientifiques s'inquiètent de l'impact des prochaines vagues de chaleur, qui devraient être plus fréquentes et intenses, sur les futures grossesses.
Les études sur les effets de la chaleur sur la grossesse sont relativement nouvelles, mais certaines données pousseraient les scientifiques à penser que le réchauffement climatique pourrait négativement toucher les futures mères et leur bébé. C'est le cas par exemple d'une recherche publiée l'année dernière qui, après avoir analysé cinquante-six millions de naissances aux États-Unis, avait identifié un lien entre les hausses de température et le raccourcissement des périodes de gestation.
La nouvelle recherche publiée le 4 novembre examine la façon dont la chaleur impacte la grossesse, en considérant le nombre de naissances prématurées, de mortinatalité et de bébés présentant un faible poids en venant au monde. Pour ce faire, l'équipe de recherche a analysé des données issues de vingt-quatre pays différents, la plupart basés en Amérique du Nord, dans l'Union européenne, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Sept des pays étudiés avaient des revenus faibles ou moyens.
Des résultats différents selon les groupes socio-économiques
Pour chaque degré supplémentaire, les scientifiques ont finalement estimé que le risque d'accoucher d'un foetus mort, ou prématurément, augmente d'environ 5%. En cas de vague de chaleur prolongée, ce taux passe à 16%. Tandis que seulement 18 études sur 28 identifient un lien entre faible poids d'un bébé à sa naissance et forte chaleur, 40 recherches sur 47 associent un risque de naissance prématurée en cas de haute température.
Certaines des études analysées suggèrent que les grossesses dans les pays à faibles et moyens revenus seraient davantage vulnérables aux hautes températures pendant les neuf mois de gestation. D'autres avancent que seules les dernières semaines de grossesse seraient dangereuses en cas de chaleur dans les pays à revenus élevés.
Si le récent travail scientifique apporte de nouvelles données intéressantes, il reste néanmoins limité. Il serait par conséquent utile de poursuivre des recherches sur le sujet. Selon Skye Wheeler, chercheuse pour le Women's Rights Division of Human Rights Watch, «les femmes enceintes sont un groupe à risque largement ignoré face au changement climatique».