Rarement dans l'histoire moderne un individu, par la seule expression de sa volonté, aura autant abîmé l'idée même qu'on se fait de la civilisation et de ses valeurs. Avec la constance propre aux affabulateurs et autres mythomanes, Donald Trump aura sapé les fondements de la démocratie américaine, la plongeant dans un désarroi si profond que nul ne peut dire avec certitude combien de temps il lui faudra pour retrouver un semblant de sérénité et de cohésion.
Guidé par aucune autre idée que celle de servir sa propre gloire, entouré de sbires prêts à tout pour s'offrir une place dans les livres d'histoire, il n'aura eu de cesse d'exalter auprès de ses concitoyens ce qu'il y a de pire dans la nature humaine: le mensonge, la veulerie, l'hypocrisie, la jalousie, la dénonciation calomnieuse, la stigmatisation des plus faibles, le goût pour tout ce qui abaisse et dégrade.
Rien ne nous aura été épargné, ni son appétence pour des idéologies complotistes –ces cancers de l'esprit– ni son obstination à se dédouaner de toute responsabilité sitôt confronté à des situations qui exigeaient d'autres aptitudes que celles de parader devant les caméras de télévision en se présentant comme la victime sacrificielle de je ne sais quel organe de presse.
Les mensonges qu'il aura professés tout au long de ces quatre années auront été autant de signes d'un individu si peu fait pour exercer le pouvoir que son magistère aura ressemblé à une énorme farce, une comédie des plus sinistres où sans aucune retenue, avec l'aplomb propre à l'imbécile qui se prend pour le nombril du monde, il aura contribué à enlaidir un peu plus le monde et à assombrir notre foi en l'humanité.
Que ce personnage en tout point grotesque continue à exercer sur des millions d'électeurs une réelle fascination, un engouement des plus sincères, en dit tout autant sur l'espèce de déliquescence dans laquelle barbote la société américaine que sur les heures les plus sombres de notre histoire collective quand d'autres peuples confièrent aussi leur destin à des espèces d'illuminés pareillement prompts à les emmener tout droit dans le précipice.
La seule chose qui finalement aura permis à l'Amérique de s'en tirer à moindre frais est l'absence chez Trump de tout projet politique autre que celui destiné à servir ses propres intérêts. Sans véritable colonne vertébrale, sans idéologie bien définie, dénué de toute ambition à imposer coûte que coûte une vision du monde laquelle ne saurait exister sans un minimum d'assise intellectuelle, le trumpisme n'aura été qu'un long et stérile travestissement de la vérité, un empire du vide, une ode au complotisme tout azimut.
Tout cela avec l'assentiment d'une partie de la population à qui les sociologues, historiens, économistes prêteront leur plume et parfois leurs lumières pour cerner au mieux leurs motivations souterraines. Quant à moi qui ne suis rien, juste un infâme scribouillard peu doué pour les demi-mesures, je la qualifierai d'une seule phrase: un tas de couillons qui sous couvert d'une certaine et très relative paupérisation de leur existence, ivres d'une ignorance et d'une inculture probablement jamais rencontrées jusqu'alors dans les sociétés modernes, entichés de fusils confondus souvent avec leur missel, ont trouvé chez Trump le réceptacle parfait à leur obésité aussi mentale que physique.
Autant dire qu'il était grand temps que la plaisanterie se termine...
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