Comme une grande partie de l'Amérique, les habitants de la Maison-Blanche sont sûrement connectés aux réseaux sociaux et aux chaînes d'information pour suivre cette soirée électorale. Alors que le monde attend avec impatience les résultats, le président sortant doit certainement bouillir d'envie de proclamer sa victoire, qu'elle soit réelle ou fantasmée.
Donald Trump a déclaré à ses proches que si les premiers résultats annonçaient qu'il était en tête dans le scrutin, même avant les résultats définitifs, il crierait publiquement victoire. Seulement voilà: les États-Unis, c'est grand, très grand, et entre le moment où les premiers résultats, ceux de la côte Est, seront publiés, et celui où les derniers résultats viendront confirmer la victoire d'un candidat ou de l'autre, il pourra passer un certain nombre d'heures.
Renversement total possible après le décompte final
Cette année, un très grand nombre de personnes ont choisi de voter par correspondance –soit parce que c'est plus pratique (le jour du scrutin, les files d'attente atteignent facilement plusieurs heures), soit parce qu'elles ont peur de s'exposer au Covid en se mêlant à la foule des autres votant·es, soit parce qu'elles sont dans l'incapacité de se déplacer.
Or ces bulletins envoyés par la poste, en fonction des États, ne seront pas tous comptés au même moment. En Géorgie par exemple, État du sud traditionnellement républicain et considéré comme un swing state, un État-pivot, le dépouillement de ces bulletins a commencé avant le 3 novembre et il devrait être terminé le soir du jour J. Le résultat du vote sera donc connu assez vite dans cet État. En revanche, en Pennsylvanie, swing state décisif, ces bulletins ne commencent à être comptés qu'à partir du 3 novembre, tout comme dans le Wisconsin (État qui estime qu'il réussira à tout compter d'ici au 4 novembre).
Conséquence de cet étrange désassortiment: si les premiers États à publier leurs résultats annoncent une probable victoire des Républicains mais n'ont pas compté la totalité de leurs bulletins, ce résultat pourra être totalement renversé après le décompte final, d'autant que la majorité de l'électorat optant pour le vote par correspondance a tendance à préférer les Démocrates.
L'intérêt pour Trump, pourtant, de proclamer une victoire précoce, qu'il y croie lui-même ou non, est de poser les bases d'une contestation des résultats en cas de défaite. Cela fait maintenant des mois qu'il clame que le vote par correspondance est truqué, et annoncer la victoire au soir du 3 novembre sur la base de chiffres incomplets lui permettra plus facilement de lâcher les chiens une fois le résultat final connu –et de le contester.
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