Il est difficile de répondre simplement à cette question car elle implique de s'accorder sur la définition du «mur» mais aussi de faire la différence entre construction ex nihilo et reconstruction de la frontière existante, comprend-t-on à la lecture d'un article de la BBC. Avant son arrivée à la Maison Blanche, il y avait un peu plus de 1.052 kilomètre de barrières le long de la frontière américo-mexicaine composées de barricades et de clôtures. Aujourd’hui, il y en a 1.076.
Ce que l’on sait c’est que 24 kilomètres de nouvelles barrières ont été installées, 560 kilomètres de barrières secondaires ou de remplacement ont été ajoutées. Tandis que 350 kilomètres de barrières sont en construction et 250 en préparation.
Trump lui-même ne distingue par les «nouvelles barrières» de celles de remplacement. Il l’explique par le fait que la pause de barrage de remplacement implique une «démolition complète et une reconstruction d’anciens obstacles obsolètes». Pourtant, on reste bien loin d’un mur de 3.200 kilomètres –la taille de la frontière avec le Mexique– promis à l’origine. Mais ces derniers mois, il a revu ses ambitions à la baisse en parlant de «moitié de la frontière» puis de «quelques 800 kilomètres en janvier 2021».
Mur or not mur?
Revenons maintenant sur cette définition du terme «mur». Le terme de barrière serait sûrement plus adéquat: ce sont des panneaux de métal étroits, hauts de 5,5 mètres à 9 mètres qui forment une sorte de grillage ancré dans le sol. Pendant toute sa campagne, Trump avait pourtant parlé de béton. Une fois élu, le béton est devenu «barrière en métal qui empêche de voir à travers».
Selon un rapport d’un organisme impartial mandaté par le Congrés, il s’agit d’une «formidable barrière mais ce n’est pas la structure haute, imposante et épaisse que la plupart des dictionnaires définirait comme mur».
Ce n’est pas non plus le Mexique qui a payé pour ce mur mais bien les Américain·es via leurs impôt fédéraux. La construction a coûté 15 milliards de dollar (12,8 milliards d’euros), dont un tiers financé par le service des douanes et de la protection des frontières. Le reste a été trouvé en piochant dans le budget du ministère de la défense, en utilisant des réserves normalement allouées à la lutte contre le trafic de drogue ou la construction militaire. En effet, le Congrès américain avait d’abord refusé d’accorder au mur plus d’1,4 milliard de dollar. Trump a donc dû employer des moyens détournés en déclenchant l’état d’urgence aux frontières.
Est-il efficace? Après avoir doublés entre 2018 et 2019, les passages illégaux aux frontières semblent avoir diminué. En tous cas, le nombre d’arrestations –seuls chiffres réellement disponibles– a diminué et est relativement stable depuis le début du mandat en dehors de l’augmentation exceptionnelle de 2019. Cela est sûrement dû en grande parties aux nouvelles mesures anti-immigration mises en place par son administration plus que le mur lui-même.