Est-ce bien utile de sourire à des inconnu·es lorsque l'on porte un masque qui cache la moitié de notre visage? La réponse est oui. Selon plusieurs spécialistes, sourire, même si l'on est masqué·e, aurait un effet positif sur notre bien-être et celui des autres.
Bea de Gelder, professeure en neurosciences cognitives à l'Université de Maastricht, explique qu'il n'est pas naturel pour les êtres humains de dissimuler leur expressions faciales avec un masque. «Le contact social est aussi essentiel pour survivre que manger et boire», dit-elle. Il améliore notre santé mentale et physique, notre immunité et réduit notre stress.
Pour Michelle «Lani» Shiota, professeure en psychologie à l'Université d'État de l'Arizona, «lorsque l'on sourit et que l'on entre en contact avec d'autres personnes, c'est la mise en relation avec l'autre qui nous fait nous sentir mieux». En s'appuyant sur les travaux de recherche du psychologue Luke Smillie, elle rappelle que même les individus les plus introvertis sont généralement de meilleure humeur en faisant un simple sourire à un·e inconnu·e.
Pour établir un contact social, les expressions faciales sont essentielles. D'après Michelle «Lani» Shiota, un sourire permet par exemple de signaler que l'on est en sécurité. De plus, une étude conduite par Alex Sel, maîtresse de conférences à l'Université de l'Essex, démontre qu'un individu qui sourit tend à appréhender les expressions du visage des personnes qui l'entourent de façon plus positive. Par conséquent, en arrêtant de sourire derrière son masque, on risquerait de percevoir les autres comme étant moins joyeux.
Sourire avec ses yeux
Bien que sourire permette de communiquer des indicateurs sociaux, cette action pourrait néanmoins affecter notre état émotionnel de façon moins spectaculaire que ce qu'une étude de 1988, souvent citée par les psychologues, laissait croire. Celle-ci affirmait qu'un sourire, même forcé, agissait directement sur notre bien-être. Or, selon une étude réalisée en 2019, l'impact direct de nos réactions faciales sur notre humeur, s'il est significatif, resterait toutefois limité.
Pour Michelle «Lani» Shiota, il faut tout de même continuer à sourire derrière son masque. En souriant à quelqu'un, on reconnaît son humanité, explique la psychologue. Même si l'autre ne voit pas le sourire qui lui est adressé, il le perçoit à travers le regard de son émetteur ou de son émettrice qui sourit aussi avec ses yeux. D'ailleurs, pour Gillian Sandstrom, professeure en psychologie à l'Université de l'Essex, le contact visuel est primordial pour établir un lien social avec une personne, qu'il soit accompagné d'un sourire ou non.