L'administration Obama a pris la décision extraordinaire d'autoriser l'assassinat d'un citoyen américain, le religieux musulman radical Anouar Al-Aulaki. Les services de renseignement et de contre-terrorisme ont annoncé mardi 6 avril à l'agence Reuters qu'ils pensaient qu'Al-Aulaki est passé de la simple incitation à attaquer les Etats-Unis à la participation directe dans des attentats, rapporte le New York Times.
Al-Aulaki, qui est né dans l'état du Nouveau Mexique et a été imam aux Etats-Unis pendant plusieurs années, se cache actuellement au Yémen. Il intéresse de très près les agences américaines depuis que son nom a été associé à celui de Nidal Malik Hasan, le psychiatre militaire qui a tué 13 personnes sur la base texanne de Fort Hood en novembre dernier, et à celui d'Umar Farouk Abdulmutallab, le Nigérian qui a essayé de faire sauter un avion de ligne le 25 décembre.
Selon les services de contre-terrorisme américains, Al-Aulaki est un membre opérationnel d'al-Qaïda au Yemen, et serait devenu un recruteur pour le réseau terroriste. Les officiels américains affirment qu'il est «extrêmement rare, voire sans précédent» qu'un américain soit la cible d'une autorisation d'assassinat.
«Les mesures à l'encontre d'Al-Aulaki, prises au début de l'année, sont une bonne illustration de son ascension dans la constellation des leaders terroristes, écrit le New York Times. Mais sa popularité en tant que religieux, dont les discours sur les écrits islamiques ont un large public dans le monde musulman anglophone, signifie que toute action prise contre lui peut avoir des conséquences néfastes pour les Etats-Unis dans leur campagne idéologique contre al-Qaïda.»
En mars dernier, Al-Aulaki avait appelé les musulmans américains à mener un jihad contre le territoire national américain. Selon le site Homeland Security Today, les experts en contre-terrorisme estiment que le présumé terroriste pourrait avoir «des centaines de partisans» sur le sol américain.
Le Guardian note que le président Gerald Ford avait interdit les assassinats politiques en 1976, mais que le Congrès a approuvé l'utilisation de la force militaire contre al-Qaïda après le 11 septembre.
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