C'est une première dont la planète se serait bien passée: la mer de Laptev n'a toujours pas commencé à geler fin octobre; une première à cette période de l'année pour cette région considérée comme le berceau des glaces de l'océan Arctique.
«L'absence de gel jusqu'à présent cet automne est sans précédent dans la région de l'Arctique sibérien», déplore auprès du Guardian Zachary Labe, chercheur à l'Université d'État du Colorado.
Nothing even comes close to 2020 in our records for sea ice along the Siberian #Arctic...
— Zack Labe (@ZLabe) October 21, 2020
[*Note that the basin is geographically constrained (same maximum sea ice cover = flat line)] pic.twitter.com/gFelUw3xSq
Cette situation inquiétante serait en partie due à une hausse des températures des eaux de la région, qui ont dépassé de 5°C les moyennes de saison, ajoute le média britannique. Cette augmentation serait liée à une atmosphère plus chaude et à des courants atlantiques plus doux, qui viennent profondément perturber la formation de glace dans la région.
Équilibre en danger
Un malheur ne vient jamais seul et, dans le cas de l'océan Arctique, c'est tout un équilibre qui pourrait être complètement chamboulé.
Ce gel tardif pourrait entraîner deux conséquences: d'un côté, la calotte glaciaire risque d'être plus fine et ne pourra pas renvoyer la chaleur du soleil, ce qui accélérera son déclin; de l'autre, la fragile glace de la mer de Laptev risque de se rompre avant d'atteindre le détroit de Fram au Groenland, où elle finit normalement son cycle.
Cette dernière étape est d'autant plus cruciale qu'elle permet d'apporter les nutriments nécessaires au plancton arctique, qui est capable d'absorber du CO2 de l'atmosphère.
Malheureusement, l'optimisme n'est pas de mise concernant la fonte de la banquise en Arctique. Selon une étude publiée dans la revue Nature Climate Change, elle pourrait avoir totalement disparu en été d'ici à 2035.
L'Arctique est en effet l'une des zones du monde qui se réchauffent le plus rapidement –jusqu'à deux fois plus vite que le reste de la planète. La glace en mer est directement impactée: sa quantité a diminué de 13% en un peu plus de trente ans.