Sciences

Nos papilles gustatives influencent-elles nos opinions politiques?

Temps de lecture : 2 min

Une étude estime que les personnes ayant tendance à réagir avec dégoût à des saveurs intenses seraient également plus conservatrices.

Pour les scientifiques, la corrélation entre nos goûts et notre orientation politique mérite d'être étudiée. | StockSnap via Pixabay
Pour les scientifiques, la corrélation entre nos goûts et notre orientation politique mérite d'être étudiée. | StockSnap via Pixabay

Une nouvelle étude suggère que nos papilles gustatives pourraient influencer nos idéologies morales et politiques. Cette recherche, publiée au début du mois de septembre dans le Journal of Personality and Social Psychology, s'intéresse à la connexion entre notre sensibilité gustative et nos opinions politiques.

Pour la réaliser, les scientifiques ont testé la sensibilité gustative de volontaires en utilisant des bandelettes gustatives chimiques. Ils leur ont également demandé de se placer sur un échiquier politique. Après plusieurs expériences, les chercheurs ont conclu que les personnes les plus sensibles aux arômes, celles qui ont davantage tendance à réagir de façon négative à des goûts intenses, sont également celles qui ont le plus de chances d'être politiquement conservatrices.

En connaissant la sensibilité gustative d'un individu, les chercheurs peuvent prédire son orientation politique dans 3 à 4% des cas. S'il ne s'agit pas d'un indicateur conséquent, les scientifiques estiment que la corrélation entre nos goûts et notre orientation politique mérite tout de même d'exister, et donc d'être étudiée.

Une réponse physiologique à ce qui pourrait nous faire du mal

Selon David Pizarro, professeur en psychologie à l'Université de Cornell et auteur de la recherche, les individus sensibles aux goûts sont facilement écœurés. Le dégoût, qui se manifeste souvent par une nausée ou une augmentation du rythme cardiaque, est une réponse physiologique normale aux choses qui pourraient nous faire du mal. Cela nous préserve, entre autres, d'aliments qui pourraient être dangereux, comme de la nourriture périmée.

Toutefois, David Pizarro note que la plupart des individus s'adaptent aux choses initialement peu ragoûtantes lorsque celles-ci ne sont finalement pas dangereuses. C'est par exemple le cas des étudiant·es en médecine qui, avec le temps, s'habituent à la vue du sang et des boyaux. Néanmoins, certaines personnes auraient plus de mal à tolérer ce qui les dégoûte. D'après la nouvelle étude, certains individus conservateurs pourraient en faire partie.

Concernant sa recherche, David Pizarro est clair: il ne s'agit pas d'émettre un jugement sur les goûts alimentaires ou l'idéologie politique de certaines personnes. Le chercheur rappelle d'ailleurs que le pouvoir de prédiction de nos papilles gustatives reste faible. Au contraire, il souhaite plutôt que sa recherche ouvre un débat parmi les scientifiques, qui permette de mieux expliquer pourquoi nous adoptons certaines croyances plutôt que d'autres. «N'est-il pas intéressant de savoir qu'il y a une connexion entre nos papilles gustatives et nos idéologies?, demande le professeur. Arrêtons-nous et demandons-nous pourquoi cela est le cas. Le fait que notre physiologie puisse affecter nos idées nous convient-il?»

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