L'ancien numéro deux des Nations Unies en Afghanistan, Peter Galbraith, a remis en question le 6 avril la «stabilité mentale» d'Hamid Karzai dans une interview à la chaîne américaine MSNBC, et a même suggéré que le président afghan aurait un problème de drogue.
Interrogé sur les déclarations du président afghan, qui accuse les occidentaux d'interférer dans les affaires du pays en remettant en cause sa réélection et aurait même menacé de se joindre aux talibans, Peter Galbraith déclare:
Cette tirade continue pose des questions sur sa stabilité mentale, c'est quelque chose qui inquiète les diplomates à Kaboul. Il est connu pour être très émotionnel. Il est enclin à faire des tirades, il peut être très émotif, agir de manière impulsive... En fait, certains habitués des palaces affirment qu'il a un penchant pour un des produits d'exportations les plus rentables d'Afghanistan.
Une référence à peine cachée à l'héroïne. Les deux journalistes de la chaîne américaine, pris de court par cette remarque, demandent alors au diplomate de confirmer ce qu'il vient de dire à demi-mots, à savoir que Karzai aurait un problème de drogue. Ce à quoi Galbraith répond: «Il y a des rapports qui vont dans ce sens. Mais quelles que soient les causes, la réalité est qu'il peut être très émotionnel.»
Le site de MSNBC rappelle que Galbraith a été démis de ses fonctions par les Nations Unies en septembre dernier après avoir accusé son supérieur, Kai Eide, d'avoir couvert une fraude électorale qui aurait profité à la campagne de Karzai.
Selon le site Politico, d'autres diplomates et officiels à Washington estiment que les récentes déclarations de Karzai sur les talibans ou sur un supposé complot occidental contre lui sont des symptômes de paranoïa et de dépression mentale.
En novembre 2009, dans des fax publiés depuis par le New York Times, l'ambassadeur américain à Kaboul exprimait déjà des doutes quant à la fiabilité de Karzai, estimant qu'il n'est pas «un partenaire stratégique adéquat». Dans un article de Slate.com, Fred Kaplan pose également la question: «Est-il possible pour les gouvernements occidentaux de travailler avec un président afghan qui les accuse dès qu'il en a l'occasion, jusqu'au point de les qualifier d'envahisseurs impérialistes, affirmant par là même le principal argument des Talibans et d'al-Qaida?»
[Voir l'interview sur msnbc.com]
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Photo: Hamid Karzai - World Economic Forum Annual Meeting Davos 2008, World Economic Forum Annual Meeting Davos 2008, via Flickr CC License by