Si l'avortement est légal depuis 1978 en Italie, la pilule abortive n'est pas un acquis pour les Italiennes. Les élections régionales du 29 mars ont donné le parti populiste La Ligue du Nord grand vainqueur. Résultat qui remet en cause la libre distribution de la pilule du fait des positions conservatrices des gouverneurs récemment élus.
Comme le rapportait Courrier International en décembre 2009, les débats lors de la légalisation de la pilule RU486 ont été houleux du fait de la pression catholique et des réticences de la droite. L'analyse du résultat des élections laisse imaginer une certaine influence de l'Eglise. Ouvertement anti-avortement, le cardinal Angelo Bagnasco, président de la conférence épiscopale italienne, a d'ailleurs incité les Italiens à choisir leurs futurs gouverneurs en fonction de ce que le Vatican appelle «les valeurs non négociables». Autrement dit: le respect de la vie de la conception à la mort naturelle, la liberté religieuse et éducative, la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme.
Ces appels à la «raison» semblent avoir fonctionné et les élus du parti d'extrême droite tentent aujourd'hui d'imposer leur ligne. Dans la Stampa, Marcello Sorgi déplore que les deux dirigeants extrémistes élus aux postes de gouverneurs dans le Piémont et la Vénétie se soient prononcés contre l'avortement par voie médicamenteuse. Pour le rédacteur en chef du quotidien italien, «il est inadmissible que Roberto Costa (gouverneur du Piémont, ndlr) annonce haut et fort, deux jours après le vote, qu'il laissera pourrir dans les réserves les pilules abortives pour empêcher qu'elles soient administrées à des femmes qui ont le droit de les demander -et qui, surtout, sont dans la nécessité de le faire».
[Lire les articles de Courrier International, ici et là et l'article de La Stampa]
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Photo de une: Pilule/Gnarls Monkey via Flickr Licence CC by