Que se trame-t-il dans la vidéo de Wikileaks, où l'on voit des forces américaines tuer des Irakiens à Bagdad en 2007? Le site, qui a révélé le scandale, appelle ça un «meurtre collatéral». Le blogueur Matt Yglesias y voit «un massacre», et le journaliste Bill Roggio parle de «guerre» (en affirmant que parler de meurtre est un «procédé sensationnaliste qui a permis d'attirer médias et trafic sur le site de Wikileaks»). Sur ThinkProgress, Yglesias estime que les pilotes qui ont abattu les 12 civils n'ont pas suivi les règles d'engagement et se demande «combien d'incidents similaires ont eu lieu, mais n'ont jamais été mis en lumière parce qu'ils n'impliquent pas un employé de Reuters».
Dans le Weekly Standard, Bill Roggio soutient que ce point de vue est absurde. A ses yeux, il n'y a aucune preuve que les procédures aient été violées. En fait, «ce que vous voyez dans la vidéo, ce sont des soldats essayant d'identifier des cibles en vérifiant si elles sont armées avant d'engager», écrit-il. Renseignements pris, «les troupes américaines ont chassé leur proie sans pitié». C'est justement le problème pour Kevin Redmon, de The Atlantic: «Plus troublante encore que l'idée d'une guerre qui tourne mal, c'est peut-être l'idée que la guerre tourne bien.»
Un autre débat a émergé sur le rôle des médias (et de Wikileaks) dans toute cette affaire. Citant The Nation, Glenn Greenwald félicite Wikileaks, qui «a probablement sorti plus de scoops en quelques mois que le Washington Post en 30 ans». De son côté, le blog militaire BlackFive se demande s'il s'agit «de l'endroit adapté pour publier des documents, vidéos et sons bruts, et y ajouter des choix éditoriaux sans avoir -ni pouvoir- connaître l'ensemble des faits». Quant à Matt Yglesias, il se demande où sont passés les médias de masse. «D'ordinaire, quand le Général Petraeus éternue, des douzaines de reporters se mettent en branle, écrit-il. Désormais, nous avons face à nous ce qui ressemble à un crime commis par des soldats américains, étouffé en interne... et tout le monde s'en moque.»
[Lire l'article de Slate.com, et celui du New Yorker]
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Traduit par OT
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Photo de une: Capture de la vidéo Wikileaks / REUTERS, Ho New