Plus les années passent, plus les records d'athlétisme semblent difficiles à battre, les limites du corps humain n'étant pas loin d'être atteintes. Cela pousse les scientifiques à se pencher sur la question: de quoi a besoin un·e athlète pour faire la différence et courir encore plus vite que ses adversaires?
Expert en performance neuro musculaire, le professeur Jonathan Folland a travaillé avec Rob Miller, doctorant travaillant en préparation physique et mentale pour la fédération britannique d'athlétisme, dans le but de déterminer quels étaient les muscles-clés pouvant permettre aux athlètes masculins d'améliorer leurs performances.
Grâce à des IRM pratiquées sur différents types d'hommes (athlètes de haut niveau, athlètes de niveau légèrement inférieur, individus non entraînés), les deux chercheurs ont mesuré vingt-trois muscles de la partie inférieure du corps. Leur découverte la plus surprenante, décrite par The Independent, concerne le muscle grand glutéal, gluteus maximus en latin, dont le volume est supérieur de 45% chez les sprinters de haut niveau (ceux de l'échantillon mettent entre 9 secondes 91 et 11 secondes 25 pour courir le 100 mètres) que chez les sprinters de seconde zone.
«C'est surprenant, commente le professeur Folland, car puisque le sprint est censé être influencé par de nombreux facteurs (technique, psychologie, nutrition...), il est remarquable de trouver un muscle qui diffère à ce point entre les catégories».
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La puissance du fessier
Jadis appelé «muscle grand fessier», le muscle grand glutéal fait partie des muscles dorsaux et latéraux de la ceinture pelvienne, qui relie la jambe au tronc, au niveau de la fesse. «Lorsque ce muscle est plus volumineux, le coureur est capable de générer plus de puissance, et donc d'accroître sa vitesse de sprint», commente Jonathan Folland.
Les investigations menées, dont les résultats ont été publiés dans la revue Medicine and Science in Sports and Exercise, ont également permis de déterminer que les muscles extenseurs de la hanche seraient aussi bien plus développés chez les meilleurs sprinters.
Pour Rob Miller, ces résultats pourraient «avoir un impact significatif sur les méthodes des coachs et des nutritionnistes lorsqu'il s'agit de travailler avec des sprinters de haut niveau». Si le travail mené lui paraît si important, c'est parce qu'il est rare «de trouver des caractéristiques spécifiques permettant de faire la différence entre les bons et les très bons».
Après s'être conscarés aux athlètes masculins, Folland et Miller travaillent désormais dans des champs de recherche voisins, en se consacrant notamment aux sprinteuses. Parallèlement, ils s'intéressent à la comparaison des muscles entre les coureurs et coureuses des différents types d'épreuves, car on ne mobilise probablement pas son corps de la même façon lorsqu'on court un 100 mètres ou un marathon.