Face à la pandémie actuelle de Covid-19, les personnes âgées se retrouvent souvent isolées. Afin de pallier la solitude des seniors, des entreprises se spécialisent dans la vente d'animaux de compagnie robotisés.
C'est en 2009 qu'une société japonaise commence à commercialiser PARO, un bébé phoque robotisé, suivie en 2015 par Hasbro et ses chats, qui sont distribués dans quelques maisons de retraite américaines. Onze ans plus tard, la crise sanitaire a ravivé l'intérêt porté à ces produits, dont les ventes ont augmenté.
La solitude et l'isolement social sont reconnus comme étant des problèmes de santé publique pour les personnes âgées, particulièrement celles atteintes de démence. Selon Laurie Orlov, qui travaille dans l'industrie de la technologie depuis de nombreuses années, «le Covid a créé un monde étrange dans lequel plus personne ne peut se prendre dans les bras. L'expérience tactile de tenir un animal permet de transcender ce manque.»
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Au Texas et au Kansas, soixante-et-une personnes atteintes de démence et placées en maison de retraite ont pu, pendant trois mois, profiter de sessions de groupe de vingt minutes, trois fois par semaine, pendant lesquelles elles avaient accès à un phoque PARO. L'étude a démontré que leur anxiété avait diminué, ainsi que leurs besoin en médicaments pour soulager la douleur ou les problèmes comportementaux.
D'autres études semblent aller dans le même sens. C'est par exemple le cas de celle dirigée par Front Porch, un fournisseur de logements pour personnes âgées à but non lucratif. Après avoir acquis plusieurs animaux PARO en 2015, l'entreprise a analysé leurs effets grâce à 109 sondages rendant compte des interactions des résident·es. Six mois plus tard, le personnel a rapporté que les robots avaient apaisé les personnes âgées et amélioré leur comportement social, ainsi que leur humeur et leur appétit.
Une autre recherche, menée par la compagnie d'assurance UnitedHealthcare et l'organisation non gouvernementale AARP, a choisi de distribuer des robots Joy for All, de la marque Hasbro, à 271 seniors. Alors que tous souffraient de solitude, la docteure Charoltte Yeh, coautrice de l'étude, a noté une amélioration de leur santé mentale après un ou deux mois d'utilisation.
L'idée qu'un robot puisse servir de remède à la solitude des personnes âgées ne plaît pas à tout le monde. Sherry Turkle, psychologue à l'Institut de technologie du Massachusetts, rappelle notamment que la promesse de tisser une relation entre la personne et l'animal robotique ne peut pas être tenue, ce dernier n'étant pas vivant. Quant à Sœur Imelda Maurer, membre de la congrégation religieuse de San Antonio, elle estime qu'il serait malhonnête et contraire à l'éthique de faire croire à des personnes atteintes de démence que les robots sont des animaux domestiques réels.