Si vous avez envie de poser votre pouce et votre index à cheval sur le toit d'une voiture, vous êtes victime du syndrome Dinky Toys et vous serez tenté par les Dinky Cars. Vous n'êtes pas tout seul et les constructeurs l'ont compris.
Pour une voiture, il ne suffit pas d'être petite, minuscule, pour entrer dans la catégorie des Dinky Cars, mais il faut qu'elle nous ramène à un monde voitures miniature, l'envie de la prendre entre le pouce et l'index pour la faire avancer. Prenez la Mercedes Smart. Elle a tout d'une petite, mais elle joue les grandes. Elle joue à se mesurer aux grandes et fait oublier qu'elle est petite. D'où sa réussite. Elle n'est pas dans la fantaisie, elle est smart précisément. La Toyota Yaris non plus ne plaisante pas. Elle paraît rapetissée ou jivaroïsée.
Décomplexées, elles ne singent plus les grandes
Non, pour revendiquer l'appartenance aux Dinky Cars, il faut remplir deux conditions. Primo, il faut, d'une manière ou d'une autre, provoquer une réminiscence enfantine ou post-adolescente. C'est le coté petite voiture de Proust. Il y a ceux qui recherchent leurs «copains d'avant», et ceux qui veulent retrouver leur «voiture d'avant» (cela peut parfois être les mêmes). L'autre condition est de ne pas se prendre au sérieux.
La première possibilité consiste à reprendre le nom et les formes d'une voiture née dans les années 1960 ou 1970. Récupérer le nom permettra de créer le lien affectif immédiat et à peu de frais avec ceux qui les ont conduites sur l'asphalte, ou dans le bac à sable. Evidemment, Volkswagen a dû abandonner la Coccinelle pour la Beetle, parce que les voitures ont désormais un nom planétaire. Alors va pour Scarabée, ou Beetle en anglais. Fiat avec la 500 ou BMW avec la Mini Cooper n'ont pas ce souci. Il a suffi d'ajouter quelques bourgeoises rondeurs et le lien se fait avec les années bohèmes. Parfois, le retour en arrière ne s'appuie pas sur la nostalgie. La Chrysler PT Cruiser ne doit rien aux années 1950, mais elle nous y emmène directement.
Fiat 500
Citroën avait fait une incursion dans le monde merveilleux des Dinky Cars avec la C1 et ses yeux de mouches, mais s'est arrêté à mi-chemin. Avec la DS3, le constructeur tente un coup paradoxal. Le nom renvoie aux années de Gaulle, la forme ramène aux Sarko show et la campagne de pub s'amuse à refuser l'aller-retour. Elle joue à vous renvoyer à la voiture analysée par Roland Barthes (Collège de France) pour la vendre à Yann Barthès (Canal+).
Citroën DS 3
Et puis, il y a les Dinky Cars sorties de nulle part. La Twingo présentée la première dans un modeste hangar de Renault à Billancourt, sans apprêts ni paillettes ressemblait à une grenouille. Ressorti d'une caisse, le prototype avait été rangé là au nom des exigences de la rentabilisation industrielle. Il en était ressorti par l'application des ingénieurs à la sortir au moindre coût. Elle ne ressemblait à rien et n'avait pas grand-chose à faire dans une gamme classique. Elle est rentrée sur le marché par effraction et elle a réussi son coup. Aujourd'hui banalisée, elle existe encore.
Même les très sérieux designers de Peugeot, dont on a l'impression qu'ils travaillent toujours sous l'œil ombrageux des pasteurs calvinistes de Montbéliard, se lancent (timidement) avec la RCZ. Cette fois la forme ne doit rien au passé et le nom a un côté Guerre des Etoiles. C'est son design bizarroïde qui amène à penser qu'elle sort du coffre à jouet.
Peugeot RCZ
Avant les Dinky Cars, les Kei Cars
En faisant des fouilles, on trouvera l'origine des Dinky Cars au Japon avec les Kei Cars ou Keijidõsha (véhicule léger). Elle devait prendre le moins de place possible pour éviter les taxes censées décourager l'achat des voitures particulières et alléger la circulation urbaine. Après la Seconde Guerre mondiale, elle ne devait pas dépasser 2,8 mètres de long. Depuis elles ont grandi, pour rentrer dans un cube de 3,4m x 2m x 1,48. Du coup, tous les constructeurs japonais ont leur Dinky Cars. Daihatsu semble en avoir fait une spécialité avec, entre autre la Materia ou la Trevis. Nissan assume le grand écart avec ses Qashqai SUV à l'arrogance assumée et sa Cube, la voiture familiale typée Lego. Rabotées devant et derrière, elles ont été comme recopiées dans une BD nostalico-futuriste. Entre les deux et en voie de dinkytisation, il faut jeter un coup d'oeil sur la nouvelle Micra aux phares globuleux de caméléon.
Aston Martin Cygnet
007 a la sienne
La tendance de la Dinky Cars est aujourd'hui ravivée les exigences écologiques. La preuve par l'Aston Martin Cygnet. Tous les constructeurs auto doivent proposer des voitures à faible émission de CO2 pour réduire leur émission moyenne. D'où, la Cygnet aux yeux globuleux. Quand on a été la voiture préférée de James Bond 007, on peut imaginer une puce automobile. Pour sourire.
Philippe Douroux