Bon nombre d'épidémies et de pandémies historiques ont mené à des soulèvements populaires, en raison de tensions sociales intensifiées par la crise sanitaire. C'est la conclusion d'un travail mené par deux chercheurs, publié dans le journal Peace Economics, Peace Science and Public Policy et résumé par Fast Company. Massimo Morelli, professeur de sciences politiques à l'université Bocconi de Milan, et Roberto Censolo, professeur en économie à l'université de Ferrare, ont étudié une période s'étendant sur près de 600 ans et qui a vu cinquante-sept épidémies se succéder. Les deux chercheurs ont comptabilisé le nombre de révoltes, rebellions, insurrections et manifestations ayant éclaté entre la peste noire de 1346 et la grippe espagnole qui a commencé en 1918.
Après avoir remarqué la chute drastique du nombre de mouvements protestataires en Amérique latine, Massimo Morelli a commencé à étudier la capacité des épidémies à engendrer des agitations sociales. En s'intéressant à l'histoire, il a compris que les épidémies mettent sous silence les conflits sociaux, du moins pendant un temps. Mais une fois l'épidémie terminée, les mouvements de protestation renaissent de manière plus agressive.
Trois facteurs déterminants
L'étude met en exergue trois raisons pour lesquelles les crises sanitaires forment des terrains propices à la résurrection de mouvements contestataires.
Un premier facteur est le fait que de nouvelles lois et mesures politiques, qui généralement restreignent la liberté individuelle, sont mises en place en temps de pandémie. Deuxièmement, les épidémies exacerbent certaines inégalités, puisqu'elles ont un impact différent sur les personnes selon leur capital économique. Enfin, les crises sanitaires sont souvent la source d'un effet psychologique qui mène les individus à créer de toute pièce les causes qui auraient déclenché la propagation du virus. Ces explications irrationnelles sont fréquemment basées sur des idéologies raciales et/ou socialement discriminantes.
Selon les conclusions de l'étude menée par Morelli et Censolo, la crise sanitaire à laquelle le monde fait actuellement face devrait donc laisser place à des mouvements de protestation dans un avenir relativement proche.