Les régionales passées, c'est maintenant les primaires qui occupent l'agenda du Parti socialiste. Martine Aubry, grande favorite à l'heure actuelle, a ébauché un début de programme présidentiel dans une interview-fleuve au site Mediapart.
La première secrétaire du PS souhaite «une autre distribution des richesses, qui passe par de nouvelles régulations dans l'entreprise mais aussi par une grande réforme fiscale dont nous serons porteurs». Mais elle veut aussi aller jusqu'à «une évolution des rapports des individus entre eux»:
Il faut passer d'une société individualiste à une société du «Care», selon le mot anglais que l'on pourrait traduire par le «soin mutuel»: la société prend soin de vous, mais vous devez aussi prendre soin des autres et de la société. Et ensemble, on doit préparer son avenir. Cela passe par une révolution des services publics. C'est-à-dire aujourd'hui des biens communs qui se personnalisent, tout en conservant des règles collectives.
Martine Aubry avance plusieurs propositions pour réformer le capitalisme, mais repousse l'idée d'une nationalisation du crédit avancée par Jacques Julliard:
Séparons par exemple les banques de dépôt et les banques d'affaires et imposons à celles-ci des règles prudentielles pour éviter la spéculation financière. Ou créons un fonds d'intervention public, pouvant accompagner les PME ou soutenir l'innovation. Fixons des taux différenciés d'impôt sur les sociétés, moins élevés pour les profits réinvestis dans l'économie que pour ceux redistribués aux actionnaires...
La première secrétaire du PS ne se mouille pas trop sur la question brûlante de l'organisation des primaires, avançant un calendrier encore flou et montrant une hésitation à les ouvrir ou non aux écologistes ou au Front de gauche:
Pour l'instant, elles concernent le ou la candidate du parti socialiste, qui pourra être désigné(e) par tous les citoyens qui le souhaitent, et on est à peu près tous d'accord pour qu'elles aient lieu autour de la mi-2011, avant ou après l'été, nous le déciderons ensemble. Ensuite, il faudra discuter avec nos partenaires, en fonction du paysage politique dans un an. Un candidat unique de toute la gauche ou plusieurs candidats? En tout état de cause, la décision appartiendra à chacun d'entre eux.
À aucun moment dans l'entretien, Martine Aubry n'est interrogée sur ses ambitions pour 2012.
Une contributrice du Post.fr, mise en avant sur la une du site, s'interroge sur le choix du site payant Mediapart pour cette grande interview post-régionales:
Pourquoi privilégier un journal en ligne payant plutôt qu'un journal en ligne gratuit?Je ne sais pas ce que cela provoque chez vous, mais moi, que la première Secrétaire d'un parti qui, par essence, se veut représentant des classes défavorisées et pauvres, choisisse de dévoiler, en priorité,son projet de société dans un journal payant, ça me brouille l'écoute.
[Lire l'interview (payante) de Mediapart]
Photo de Une: Martine Aubry à Lille le 20 novembre 2008, Reuters, Pascal Rossignol