Société

Sur les plages, les seins dénudés oui, les culs dévoilés non

Temps de lecture : 3 min

[BLOG You Will Never Hate Alone] Cet été aura vu le retour du string et autres tangas. Comme si après avoir été trop longtemps confiné, le corps voulait retrouver sa parfaite nudité.

L'été de tous les dangers. | Ricardo Gomez Angel via Unsplash
L'été de tous les dangers. | Ricardo Gomez Angel via Unsplash

Il était temps que les vacances se terminent. À force de mirer moult poitrines étalées au grand jour comme dans une orgie mammaire qui ne dirait pas son nom, j'en avais des crampes aux pupilles. Où que mon regard se posait, il croisait une paire de seins qui le saluaient. Si bien que de la lecture un temps envisagé des sept volumes de La recherche du temps perdu, il n'en est rien resté hormis les fières moustaches de Marcel qui fixées sur le versant de la couverture semblaient jalouser la fréquentation de ces poitrines dénudées.

La mienne de poitrine aussi, je l'ai laissé exposée et plus d'une fois à la vue de ces tétons égarés au milieu d'un brouillard de poils, j'ai senti le regard envieux de demoiselles qui du coup, probablement jalouses de mes éminences roses si gracilement exposées, en profitaient pour redresser les leurs comme si elles voulaient s'attirer les grâces de je-ne-sais quelle divinité.

Farouche mais nullement tenace, à l'heure de dévoiler leurs demi-lunes, je n'ai pas cherché à les imiter. C'est que les miennes, hirsutes, boutonneuses, d'un rose qui rappelle le souvenir d'une tranche de jambon oubliée au fin fond d'un réfrigérateur, auraient provoqué si je les avais dévoilées un tel charivari qu'un gendarme passant par là eut crû à une manifestation d'indignés, de ceux qui désormais à la vue d'un visage démasqué en appellent aux bons soins du civisme élémentaire.

Adieu donc strings osés, maillots échancrés, bikinis émincés, tangas décomplexés. Je les laissais à d'autres qui d'ailleurs ne s'en privèrent pas pour les porter. Quel étrange spectacle que de regarder à longueur de journée ces postérieurs bronzés qui à peine séparés par un bout de tissu laissent à contempler des moitiés de fessiers dont du coup on ne sait trop s'il faut les admirer ou s'en détourner de peur d'être pris pour un de ces pervers qui l'été venu s'en vont sur les plages remplir d'espoir leurs vies dévidées.

Car enfin si on ne saurait cacher ces seins, des culs parfois il faudrait mieux se garder de montrer. J'ai encore le souvenir de quelques-uns qui avaient allure si penaude qu'on aurait dit qu'ils sanglotaient de tristesse, ramassis de chairs flasques et distendues en tout point comparables à ces bajoues de canidés qui descendent si bas dans la mâchoire qu'elles semblent balayer de leur désespoir le trottoir de leurs illusions perdues.

D'autres il est vrai avaient plus belle allure. Et l'on sentait à leur maintien si bien assuré que les propriétaires de ces atours culiers en conservaient quelques fiertés parfaitement justifiées. Allongés sur leur serviette de plage, les mains le long du corps, d'une impudeur qui frisait l'insolence, ils laissaient découvrir cette partie de leur anatomie que d'ordinaire ils réservent à une fraternité d'initiés.

Et quand ils se levaient et s'en allaient se rafraîchir dans la mer toute proche, on apercevait alors le roulis de leur jambes si savamment dénudées qu'on les fixait avec une telle obstination que bien vite on en oubliait tout, la pandémie comme la défaite du PSG, ces brûlures de l'été dont on se serait bien passé.

Mais pour l'un si brillamment montré, combien de tristes figures qui répondant à l'appel de la nature, ne nous épargnaient rien, leurs boursouflures comme leurs égratignures, de tous ces contours qui sont hélas le quotidien de nos misérables fessiers, ces points noirs, ces poils tenaces, ces vallonnements disgracieux que l'âge transforme en sillons où s'enterre le fantôme de notre jeunesse à jamais enfuie.

Comme si après avoir été trop longtemps confinés, il fallait dans un geste rageur tout montrer, les seins comme le cul –la délivrance du corps rendu à lui-même– sans privations, sans restrictions, sans ces masques dont on il nous faut désormais supporter et endurer la présence. Alors sur les plages nullement abandonnées, on a voulu montrer de quelles fesses on se chauffait quand au zénith, le soleil se hissait.

Peut-être en a t-on trop fait mais qui sait si l'année prochaine, à la même époque, on ne portera pas nos masques à reculons, j'entends à l'arrière de nos corps, là où après tout, nous ne saurions être parfaitement invulnérables. Qui peut dire avec certitude si le port du masque ne s'étendra pas là où on l'attendait pas? Et qu'il faudra à nos séants adjoindre tout un attirail si braillard que personne n'en fera la réclame?

L'été a passé, en revanche ma lourdeur est restée.

Désolé.

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