Contrairement aux recommandations officielles actuellement en vigueur au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Europe, il n'existe pas de niveau de consommation de caféine inoffensif pendant la grossesse, selon une étude évaluée par des pairs et publiée dans le journal BMJ Evidence-Based Medicine, dont nous fait part The Guardian.
Cette étude a analysé plus de 1.200 travaux antérieurs sur les effets du café sur la grossesse et a trouvé «une confirmation convaincante de risque accru d'au moins cinq aboutissements négatifs de la grossesse: fausse couche, mortinatalité [expulsion d'un fœtus mort après vingt-deux semaines de gestation, ndlr], poids à la naissance inférieur et/ou faible pour l'âge gestationnel, leucémie aiguë infantile, surpoids et obésité infantiles».
En avant les lobbys
Mais l'étude a été rejetée par l'industrie du café, qui a exhorté les consommateurs à respecter les conseils de santé publique en vigueur au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Europe, selon lesquels une consommation quotidienne de caféine équivalente à deux tasses de café de force moyenne (200 mg) est sans danger pour les femmes enceintes.
Une grande majorité de femmes enceintes consomment de la caféine, que l'on trouve également dans les boissons énergétiques et, à des niveaux plus faibles, dans le cola, le chocolat et le thé.
L'Organisation mondiale de la santé a reconnu les études qui suggèrent qu'une consommation excessive de caféine peut être associée à une croissance limitée du foetus, à un poids de naissance réduit, à une naissance prématurée ou à un bébé mort-né. Elle recommande aux femmes enceintes qui en ingèrent plus de 300 mg par jour de réduire leur consommation.
Des recommandations à revoir
La nouvelle recherche du professeur Jack James, de l'université de Reykjavik, révèle pourtant que «les conseils actuels ne sont pas compatibles avec le niveau de menace indiqué par la plausibilité biologique du dommage et les preuves empiriques étendues du dommage réel». Les variables telles que la masse corporelle, l'âge, les antécédents de grossesse, la consommation d'alcool et l'exposition aux polluants ont toutes été prises en compte. Le scientifique conclut que les recommandations en matière de santé devaient être «radicalement révisées».
Jack James explique que huit études sur neuf relatives à la caféine et aux fausses couches ont fait état d'«associations significatives». Certaines suggèrent que la consommation augmente le risque d'un tiers, d'autres disent que le risque augmente avec chaque tasse de café supplémentaire.
Quatre études d'observation sur cinq sur la mortinatalité ont fait état d'un risque accru lié à la caféine, jusqu'à cinq fois supérieur chez les femmes qui en consomment de fortes doses.