Avec sa contagion généralisée et partie pour durer, son vaste réseau de spécialistes en immunisation, sa solide infrastructure de fabrication médicale et ses milliers de volontaires pour les essais de vaccins, le Brésil, qui compte presque 110.000 victimes du Covid-19, est devenu un acteur essentiel dans la lutte mondiale contre la pandémie.
Selon le rapport de l'Organisation mondiale de la santé sur l'état de la recherche sur les vaccins, trois des études les plus prometteuses et les plus avancées au monde reposent sur des scientifiques et des volontaires brésilien·nes, rapporte le New York Times.
Sprint final
«Je suis très optimiste», a déclaré Dimas Covas, directeur de l'Institut Butantan, un producteur biopharmaceutique de renommée internationale. Celui-ci s'est associé au chinois Sinovac pour l'une des études qui a atteint la troisième étape de la recherche, au cours de laquelle des vaccins potentiels sont testés sur 9.000 personnes.
Quelque 5.000 Brésilien·nes ont également été recruté·es pour soutenir un essai de vaccin mené par AstraZeneca, une société pharmaceutique britannico-suédoise en partenariat avec l'Université d'Oxford. Un millier de volontaires supplémentaires ont été recruté·es au Brésil pour tester un vaccin mis au point par la société new-yorkaise Pfizer.
Le Brésil, où le virus a infecté plus de trois millions de personnes, dispose de bonnes conditions pour ces essais. Pourtant, il est loin d'être assuré, selon les spécialistes, que les essais de vaccins en cours dans le pays remporteront la course.
Protectionnisme continental?
Katherine O'Brien, directrice de l'immunisation à l'Organisation mondiale de la santé, a salué les investissements du Brésil dans la fabrication de vaccins contre le Covid-19. Mais elle a souligné que les accords bilatéraux comme ceux dans lesquels le Brésil est impliqué étaient encore un pari.
«Certains pays vont avoir de la chance en concluant des contrats sur un candidat qui va démontrer son efficacité, a observé la Dr O'Brien. D'autres pays vont poursuivre sur des candidats qui vont échouer et ils n'obtiendront rien.»
Le Brésil, qui compte près de 210 millions d'habitant·es, a la capacité de fabriquer environ 500 millions de vaccins par an. Maurício Zuma, le directeur de Bio-Manguinhos, l'un des fabricants qui espère produire des vaccins contre le Covid-19, a déclaré qu'une fois que le pays aura répondu à sa demande interne, il souhaite exporter le vaccin vers ses voisins d'Amérique du Sud, également aux prises avec de nombreux cas de contamination.
«Notre intention est de prendre part à un mouvement de solidarité, a-t-il affirmé. Si nous parvenons à produire le vaccin ici et que nous nous retrouvons avec un surplus, nous allons évidemment faire en sorte qu'il soit utilisé dans d'autres pays d'Amérique latine.»