Dénonçant une couverture «injuste» du New York Times, un haut responsable américain du Vatican défend l'attitude du Saint-Siège face aux cas de pédophilie. Le cardinal William J. Levada dirige la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (qu'a également dirigée Joseph Ratzinger), notamment chargée des mesures disciplinaires. Dans une interview doublée d'un communiqué, l'ecclésiastique défend avec ferveur Benoît XVI qui a selon lui enquêté vigoureusement et engagé des poursuites dans les cas d'agressions sexuelles.
Le cardinal Levada a particulièrement peu apprécié les publications du journal autour de l'affaire mise à jour dans le Wisconsin (le cardinal Joseph Ratzinger, devenu depuis Benoît XVI, a été personnellement mis en cause pour n'avoir pas poursuivi un prêtre ayant abusé de près de 200 enfants mal-entendants entre 1950 et 1974 ).
Selon lui, l'article du New York Times attribuait de manière abusive l'abandon des poursuites par l'Eglise au pape plutôt qu'aux décisions du diocèse de l'époque. «Je pense qu'il est clair d'après les documents que [le père Murphy] était un agresseur d'enfants en série, d'enfants sans défense, qu'il n'avait aucun respect pour le sacrement de la confession, l'utilisant même pour perpétrer ses abus, et qu'il s'agissait de l'un des cas les plus tristes qu'il ait connu», admet William Levada. Pour lui, le père Murphy méritait d'être défroqué mais un procès canonique était «inutile si le prêtre était mourant».
Défendant Benoît XVI, le responsable souligne le rôle du Saint-Père dans l'établissement en 2001 de normes envoyant directement ces cas devant la Congrégation de la Doctrine de la Foi et standardisant les procédures pour les évêques qui rapportent un cas.
«N'importe qui peut dire “Pourquoi n'avez vous pas fait ceci? Vous auriez pu faire mieux” Ça fait partie de la vie, mais ce n'est pas suffisant pour dire qu'il a manqué à ses devoirs», ajoute lecardinal. Environ 80% des cas présentés devant la Congrégation viennent des Etats-Unis. Sur les cas considérés, 60% n'aboutissent pas à un procès canonique.
Le nouveau scandale est particulièrement mal venu pour le Vatican, qui lutte déjà avec plusieurs scandales similaires en Europe.
[Lire l'article sur le New York Times]
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Photo de Une: Benoît XVI, le 17 février au Vatican. REUTERS/Alessia Pierdomenico