Pour la cité des Doges, c'est une annus horribilis. La chute du tourisme international s'étend de 30% à 50% de taux d'occupation selon les catégories d'hôtels. Le luxe cinq étoiles est le plus affecté: trente chambres sur quatre-vingt-dix louées pour le week-end de début août au Gritti, mini palace cher à Ernest Hemingway, et au Cipriani, hôtel de légende situé sur l'île de la Giudecca, douze personnes présentes pour le petit déjeuner somptueux.
En revanche, les dîners dans ces deux établissements, au Club del Doge et au Cip's Club, affichent complet tous les soirs. La fin des mois d'août et septembre annonce une plus forte fréquentation. À voir.
The Gritti Palace. | Brandon Barré Photography
Adieu au tourisme de masse?
À la mi-juillet, c'était le désarroi, la crise totale: au Gritti, une vingtaine de chambres en moyenne et quinze client·es au dîner sur la terrasse, un enchantement –la suite 112 d'Ernest Hemingway est au-dessus. Pareille désaffection dans tous les hôtels de la Sérénissime.
Les patrons du groupe Marriott, propriétaire du Danieli, du Gritti et du St. Regis (ex-grand Hotel Europa face à la Salute) ne savent que faire face au désert des chambres et suites, à la désespérance des cadres et du personnel (700 employé·es en tout). Baisser les prix des nuitées (750 euros au Danieli) n'aurait aucun effet: il manque l'énorme réservoir de clientèle en provenance des États-Unis, de Grande-Bretagne, de Chine et du Japon, absences dramatiques et coûteuses pour la ville aux cent ponts déjà déficitaire.
Hotel St. Régis. | Niall Clutton
De l'étranger, cet été, ce sont les touristes en provenance d'Allemagne, d'Autriche, de France, de Suisse et de Belgique qui viennent à Venise. C'est l'Europe des amoureux de la Sérénissime éternelle comme le furent Stendhal et Jean d'Ormesson.
C'est pourquoi les terrasses avec vue place Saint-Marc sont vides, les orchestres sont réduits à quelques musicien·es. Les cafés du centre historique et les bars à sandwiches travaillent à peu près normalement, surtout le soir quand la chaleur s'est apaisée.
En fait, les deux grands hôtels qui vont finir par tirer leur épingle du jeu d'ici la fin octobre sont le Cipriani, en raison du beau jardin, de la piscine d'eau de mer, et L'Excelsior, palace sur la mer du Lido dont la vaste plage est le grand argument de vente. Le drame du Danieli, c'est qu'il n'y a pas de piscine ni de Spa (taux d'occupation 30% seulement).
À l'Hotel Danieli, le restaurant Terrazza Daniel. | Brandon Barré Photography
Le maire, il sindaco, Luigi Brugnaro, n'a que ses yeux pour pleurer. Le tourisme de masse est la seule ressource de la cité des Doges (140 hôtels à tous les prix), les énormes paquebots de deux à trois mille femmes et hommes passagers et autant de personnels sont annoncés dans Venise pour la fin août, c'est-à-dire de sept à neuf immeubles flottants par jour: cinq mille Vénitien·es sont employé·es sur le port. Chaque personne en escale dépense entre 200 et 500 euros par jour.
Le maire ne se prononce pas sur la déviation des navires vers Trieste. La traversée du Grand Canal, le long du sublime palais des Doges, de la place Saint-Marc, du Campanile, de la piazzetta et du Danieli sera-t-elle maintenue? C'est toute la question: il faut de l'animation vivante, pas de Pompéi moderne!
Le palais des Doges. | Klaus Schrodt via Pixabay
Venise est désormais le premier port de tourisme d'Europe, une fantastique rentrée d'argent pour la municipalité: 50.000 euros de taxes pour un paquebot, et plus selon les dimensions. La ville cherche des ressources partout, mais la marque commerciale Venise n'a eu aucun impact.
Le maire, apprécié de la population, doit désormais affronter la colère de la population vénitienne de souche, hostile à cet envahissement touristique et aux navires polluants. Que faire?
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La capitale de la région de la Vénétie a conquis sa notoriété, sa puissance commerciale, sa raison d'être grâce à la mer, au commerce maritime (le sel contre les épices) et à l'accueil des visiteurs. Mais aussi grâce, et surtout, à des célébrités de la littérature et des arts: Jean-Jacques Rousseau, Honoré de Balzac, Henri de Régnier, Marcel Proust, Paul Morand, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et Philippe Sollers –cinquante ans de fidélité et auteur de l'excellent Dictionnaire amoureux de Venise (Plon, 2004). Sans oublier François Pinault homme d'affaires et grand connaisseur des arts dont les deux musées, le Palazzo Grassi (exposition de photos de Henri Cartier-Bresson) et la Punta della Dogana (œuvres de son immense collection), sont ouverts pour l'élite intellectuelle.
Le Palazzo Grassi. | palazzograssi
«Frénésie des temps modernes»
Il faut savoir que Venise est vendue aux agences de voyages du globe comme une marque de cosmétiques ou de lingerie. Un séjour dans la ville de l'amour, un must à tout âge de la vie. Par exemple, les Chinois·es ou les Japonais·es se pointent dans la ville du Tintoret, du Titien et de Véronèse (trois peintres de génie) à toutes les époques de l'année alors que la population européenne n'envahit la ville de l'Accademia qu'en période de week-ends, de vacances ou de ponts –tarifs multipliés par deux ou trois.
L'envahissement est constant. Le maire dans l'éditorial d'été de Ospite di Venezia (édité pour les clés d'or) pointe «le délicat équilibre entre terre et eau» et «la frénésie des temps modernes», c'est-à-dire l'invasion annuelle de 30 millions (et plus) de touristes qu'il faut gérer. «Venise est un monde au sein du monde» (Marcel Proust).
Désormais, on devra proposer à un organisme dédié –une application sur internet– les dates de séjour choisies. À Noël, à Pâques, en juillet pour la fête nautique du Redentore, pour la Mostra de septembre prochain, pour le marathon qui suit, il faudra se déclarer et être admis selon les disponibilités hôtelières et autres, sans coups de cœur ni anarchie.
La tourisme de masse sera régulé et les marcheurs pendulaires du matin jusqu'au soir de la place Saint-Marc au Rialto auront un droit d'accès payant. Terminé le désordre des personnes visitant sans but, ni projet, ni argent et qui dorment sur les ponts et se baignent dans le bassin de Saint-Marc bien pollué.
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La relance prévue de Venise, cité fragile –on l'a vu pendant le terrible aqua alta de l'hiver 2019-2020– est à ce prix. Nombre d'habitants amoureux de la cité lacustre, de la basilique byzantine, du palais des Doges, des quais, des sept sestiers (quartiers) à la mode et si différents: San Polo, Cannaregio, Dorsoduro, San Marco, le Rialto, la Giudecca, n'en peuvent plus de ces groupes en sandales qui pensent être en balade comme à Disneyland et qui franchissent le pont des Soupirs sans savoir que la terrifiante prison de Casanova était là. Une bonne culture est le ferment indispensable à la découverte de la «ville qui à tous inspire la stupeur» (Luigi Grotto D'Hadria, 1570).
Le pont des Soupirs. | Cédric Lambert via Pixabay
Par chance, la redoutable pandémie a été parfaitement contrôlée par l'hôpital de la municipalité: il n'y a plus de personnes malades hospitalisées. Cela dit, en ce mois d'août 2020, Venise offre un spectacle jamais vu: les rues, les places, les quais sont dégagés, fluides, on marche sans pression et la place Saint-Marc, où Philippe Sollers ne va jamais, est redevenue le «Salon de l'Europe» selon le mot de Stendhal.
Il n'y a que deux terrasses animées, celle du fameux Quadri et celle du Caffè Florian (1760) où l'on peut dîner, deux restaurants et orchestre à 17 heures. Au Caffè Florian, fréquenté par Sartre et Beauvoir, ce n'est pas donnée: l'expresso (6,50 euros), la tasse de chocolat (11,50 euros), le tramezzino au saumon (11,50 euros) et le breakfast (45 euros).
Le Caffè Florian. | caffeflorianvenezia
Hélas, le Harry's Bar, cher aux rich and famous (poulet à la parmigiana à 70 euros), est fermé pour d'obscurs problèmes de loyer qu'Arrigio Cipriani, l'héritier, refuse de payer. L'effondrement des recettes depuis la pandémie a pris des allures de catastrophe, les habitué·es se replient sur le Harry's Dolce au bout de la Giudecca –mêmes spécialités gourmandes.
Mais le pire pour le folklore vénitien, c'est la déconfiture totale des balades en gondoles noires. Au pied du palais des Doges, l'armada des barques est à l'arrêt, un seul gondolier en maillot rouge tente de convaincre un couple et leurs enfants de monter à bord vers le Rialto, une demi-heure pour 80 euros avec le retour. «Dans Venise la rouge, pas un bateau qui bouge», écrit Alfred de Musset (vision prémonitoire).
Un gondolier à Venise. | Travelspot via Pixabay
En sept jours d'observation, trois gondoles occupées. Pas de Japonais·es sous leurs ombrelles, pas de gondoles en mouvement.
Ce divertissement pour crétins (Paul Morand) n'est plus dans l'air du temps, le marché oui, les water bus oui pratiques aussi pour la population vénitienne et les touristes: périple vers les plages du Lido, à Murano pour la verrerie, à Burano pour la dentelle.
C'est le moyen de transport idéal sur les canaux bien entretenus. À fuir, les water taxis confortables à vitesse limitée, mais pas de tarif affiché, pas de factures et des prix exorbitants: 70 euros en ville, 120 euros pour l'aéroport. Préférer les water bus publics et les pass d'abonnement très avantageux. Venise reste aussi une ville de rapines et de requins.
Bernard Arnault, doge de Venise pour LVMH
Donc le président nordiste recréateur de Louis Vuitton, de Moët-Hennessy, de Dior, de Cheval Blanc à Saint-Émilion est devenu depuis 2018 propriétaire du mythique hôtel Cipriani sur l'île de la Giudecca, à dix minutes en bateau public-privé de la place Saint-Marc.
C'est Giuseppe Cipriani, ancien barman de l'Hôtel de l'Europe (disparu), qui a acquis cette pension de famille en 1948. Puis il l'a vendue aux filles Guinness de Londres, lesquelles l'ont cédée exaspérées par les grèves du personnel (chambres pas faites) à James Sherwood en 1965: un homme d'affaires anglo-saxon patron de Sea Containers, une entreprise de transports maritimes cotée à la Bourse de Londres. Ce fut le bon choix pour le Cipriani dressé comme une demeure vénitienne sur les eaux.
Ce financier bon vivant, aux intuitions géniales, parcourait le globe pour son business et à chaque fois qu'il séjournait dans un grand hôtel plaisant, bien situé, à la belle clientèle régulière il l'achetait et le viabilisait au mieux.
La façade du Belmond Hotel Cipriani et les jardins. | Helen Cathcart
C'est ainsi qu'il a acquis dans les années 1960 le Cipriani pour 10 millions de dollars (un cadeau) ainsi que le train de luxe Venice Simplon-Orient-Express (voitures Art Déco), le Splendido à Portofino, la Villa San Michele aux environs de Florence, le Copacabana à Rio de Janeiro, le Mount Nelson Hotel au Cap en Afrique du Sud, le Reid's à Madère, d'autres trains de luxe en Asie, un restaurant français étoilé près d'Oxford à Londres… Bref, ce résident londonien a bâti un superbe groupe d'hôtels et restaurants (le 21 à New York) de classe internationale très fructueux: le luxe crée de fortes rentabilités et des prix de chambres cinglants.
Seul échec: Les Crayères, le beau château des Polignac à Reims, trois étoiles au guide Michelin grâce au père et au fils Boyer que Sherwood a raté de peu –il l'a regretté toute sa vie.
Ce globe-trotter au physique imposant, à l'humour so british passait trois semaines par an au Cipriani avec son épouse Shirley, experte en plantes et jardins. Il considérait que le Cipriani était l'affaire de sa vie, sa fierté, il avait eu des offres d'achat à 200 millions de dollars. L'hôtel de rêve à l'ombre du jardin et de la piscine olympique a conquis la jet-set du monde entier: Lady Di, Mick Jagger, les Wertheimer de Chanel, George Clooney qui s'est marié là en 2017 et les stars de la Mostra en septembre –réceptions et soirées très courues. Le Cipriani est fait pour la vie douce et les mondanités.
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La terrasse du Cip's Club. | Tyson Sadlo
C'est le tycoon James Sherwood qui avait recruté Natale Rusconi, le directeur général vénitien, un gentleman d'humeur égale qui voyait toute la clientèle, dont des personnes invitées à dîner au Harry's Bar. C'est Rusconi qui a créé le Palazzeto, le Palais Vandramin (suites sur la lagune) et le Cip's Club, cet incroyable restaurant sur l'eau en face de la place Saint-Marc, du Campanile, du palais des Doges: la vue est sublime sur ce théâtre de pierres vénitiennes. Le Cip's est la table la mieux fréquentée de la cité lacustre au dîner (de 80 à 100 euros).
Tous deux, James Sherwood et Natale Rusconi, sont montés au ciel des justes cette année: le Cipriani a été l'œuvre de leur vie. Les fidèles du lieu ne les oublient pas, ils ont incarné la beauté, le chic, l'attractivité de cet établissement hors du commun.
Bernard Arnault et ses enfants sont venus plusieurs fois au Cipriani, cet hôtel de légende complet l'été, sauf en 2020 (50% d'occupation). Tout le personnel italien a été maintenu à commencer par le signor Giampaolo Ottazzi, directeur général, compétent et connaisseur des désirs de la clientèle présente d'année en année. Au Cipriani, on revient toute sa vie.
Pour l'heure, des travaux de modernisation sont prévus menés par l'architecte décorateur Peter Marino. Le Cipriani va fermer un an, les chambres seront agrandies, mises au goût du jour et les marques Dior, Vuitton, Céline, Loro Piana, Bulgari, Tiffany mises en valeur: elles le sont déjà dans Venise, Calle Vallaresso, la rue des boutiques de luxe et des bijoux, à deux pas du Harry's Bar.
À l'Hotel Belmond Cipriani, une chambre double avec vue sur le lagon et balcon. | Tyson Sadlo
Le Cipriani de tout temps a été un lieu de vie paradisiaque très apprécié des femmes: elles sont en majorité dans ces murs vénitiens. Bernard Arnault l'a bien vu, et l'idée du Cipriani-Cheval Blanc trotte dans sa tête.
Giudecca 10, Venise 30133. Tél.: +39 041 240801.
Quatre-vingt-quinze chambres et suites à partir de 1.350 euros cet été, autres tarifs hors saison. Excellent petit déjeuner inclus.
Bateau privé gratuit place Saint-Marc à toute heure. Restaurants à la piscine, au bar, à l'Oro (la table du chef étoilé Davide Bisetto) et au Cip's Club sur la mer. Fermeture annuelle en novembre.
L'Hotel Heureka, un palazzo vénitien du XVIe siècle
Au sein du cortège d'hôtels de toutes catégories (de la pension au palace mythique) qui accueillent une bonne partie des dizaines de millions de touristes annuels, l'Heureka, une boutique hôtel à l'ancienne aménagée par Angela Silarna Valach, une talentueuse décoratrice d'intérieur autrichienne, reproduit l'atmosphère intime d'une demeure ducale d'un charme très vénitien. Un doge et sa famille auraient pu l'habiter comme Andrea Gritti, haute figure de Venise, l'a fait au mini palace cher à Ernest Hemingway.
À l'Hotel Heureka, une chambre de luxe. | Hotel Heureka
Il n'y a que dix chambres et suites meublées à la vénitienne –plafonds peints et boiseries– donnant sur un jardin verdoyant aux arbres protecteurs du soleil où l'on prend le petit déjeuner copieux avec un délicieux cappuccino.
La façade de l'Hotel Heureka. | Hotel Heureka
L'édifice de pierres blanches de l'Heureka, inauguré en 2016, ouvert sur un canal aux eaux vertes, est situé au nord-ouest de la cité des Doges dans le quartier du Cannaregio, le plus peuplé de Venise.
À l'Hotel Heureka, une suite. | Hotel Heureka
Vous êtes là tout près de l'ancien ghetto, et à deux pas de la somptueuse église Santa Maria della Misericordia à la statuaire extérieure admirable. À l'intérieur, des chefs-d'œuvre du Tintoret dont on a fêté les 500 ans, il est né en 1518. Jean-Paul Sartre, ardent piéton de Venise, avait une vénération pour ce grand peintre dont il contemplait les œuvres tous les jours.
À l'Hotel Heureka, le lobby. | Hotel Heureka
Vous êtes ici dans la Venise secrète des habitant·es de la Sérénissime, plus que 50.000 contre 150.000 en 1970, désormais à Mestre ou Marghera sur la terre ferme. En cela, l'Heureka vous projette dans ce quartier animé, authentique, loin des îles, de San Marco, de la Merceria et de la foule des hordes touristiques plantées sur le pont des Soupirs et qui passent devant le Danieli aux trois bâtiments, sans savoir que c'est l'un des plus anciens hôtels d'Europe (1820) où George Sand et Alfred de Musset ont vécu une histoire d'amour à rebondissements –elle est partie avec le médecin.
À l'Hotel Heureka, le bar. | Hotel Heureka
L'aménagement et la décoration par Angela Silarna Valach présente une mosaïque de styles, de fresques, de tableaux, de marbres, de tissus d'une vraie élégance, sans effets chics, et cela sur deux étages seulement ce qui crée une intimité, un raffinement de bon aloi sans faux luxe ni prix terrifiants.
Le salon de musique. | Hotel heureka
Deux salons de musique dotés de pianos à queue, des balcons sur le jardin, la façade ocre, les marbres et le mobilier choisis, tout cela révèle une sorte d'hommage à la Venise de Marcel Proust, de Richard Wagner, de Paul Morand et de Jean d'Ormesson, sa seconde patrie.
Comme l'écrit si bien Philippe Sollers dans son Dictionnaire amoureux de Venise: «Venise est une ville ouverte. Si on la comprend, on ne s'en va pas. C'est un trésor flottant.»
Fondamenta Gasparo Contarini, 3534 Venise 30121. Tél.: +39 041 524 6460.
Chambres à partir de 210 euros sur internet. Petit déjeuner copieux, dîners à venir dans le jardin. Réceptions et mariages. Taxi à l'aéroport réservé par l'hôtel et water taxi jusqu'à l'Heureka.
Le petit déjeuner dans le jardin. | Hotel Heureka