Deux œuvres de Gauguin exposées dans deux musées américains seraient en fait des fausses, selon The Art Newspaper.
Fabrice Fourmanoir a encore frappé. En janvier dernier, ce passionné, collectionneur d'art et fin connaisseur de l'œuvre de Gauguin avait aidé le Getty Museum à expertiser la sculpture Head with Horns (Tête à cornes). Le musée avait finalement admis que l'œuvre, achetée pour environ 4 millions de dollars en 2002, n'était pas un authentique Gauguin.
Plusieurs incohérences décelées
Les tableaux de Gauguin dans le viseur de Fabrice Fourmanoir sont L'invocation (1903), exposé au National Gallery of Art de Washington, et Femmes et cheval blanc (1903), au Museum of Fine Arts de Boston. Les deux sont actuellement considérés par les musées comme authentiques et sont supposés avoir été peints aux îles Marquises, quelques mois seulement avant la mort de l'artiste.
Fabrice Fourmanoir a relevé plusieurs incohérences sur les deux tableaux qui l'ont amené à déclarer qu'il s'agit de faux. Pour ce qui est de L'invocation, il s'interroge sur la présence d'une croix par l'artiste dans le cimetière en arrière-plan, car celui-ci était alors en mauvais termes avec l'évêque catholique, et sur la représentation de la femme, peinte avec des poils pubiens, ce que n'aurait jamais fait l'artiste selon lui. Dans Femmes et cheval blanc, il estime que la végétation en arrière-plan est plus typique de Tahiti que des Marquises.
Investigations en cours
La découverte des deux peintures remonte à environ 1908, mais on ne sait pas comment elles sont arrivées en Europe après la mort de Gauguin, survenue cinq ans plus tôt. Femmes et cheval blanc a été légué au Museum of Fine Arts en 1948 et L'invocation a été donné à la National Gallery of Art en 1976.
Les deux musées discutent actuellement des examens de leurs peintures. Une porte-parole de la National Gallery of Art a décrit ces investigations: «Nous prenons très au sérieux les questions d'attribution et de provenance et nous avons examiné attentivement L'invocation, en discutant avec des universitaires et en l'incluant dans des projets de recherche. Les derniers travaux de Gauguin présentent des défis particuliers, il était souvent malade et vivait aux Marquises, et il existe peu de documents fiables concernant sa production là-bas.» Elle ajoute que les deux musées ont «discuté des possibilités d'analyse scientifique».