Vous ne le voyez peut-être pas autour de vous, mais le syndrome de l'imposteur est bien présent sur les lieux de travail. Cette tendance à douter de ses capacités et compétences, pourtant bien réelles, et à se dévaloriser entrave les individus dans leur carrière.
Mais si tout le monde peut se remettre en question à un moment ou un autre de son parcours professionnel, le syndrome de l'imposteur a un effet démesuré sur certains groupes sociaux, relève la BBC.
Une culture d'entreprise
«Les femmes, celles de couleur et en particulier les femmes noires, ainsi que la communauté LGBT+ sont les plus concernées», déclare Brian Daniel Norton, psychothérapeute et coach exécutif à New York. «Lorsque vous vivez une oppression systémique ou que l'on vous a asséné directement ou indirectement toute votre vie que vous ne méritez pas le succès, et que vous commencez à accomplir des choses d'une manière qui va à l'encontre des idées reçues, alors le syndrome de l'imposteur est susceptible d'apparaître», détaille-t-il.
La culture d'entreprise exacerbe ce syndrome, en particulier pour les femmes. Selon Lean In, une organisation américaine qui soutient les carrières féminines, les femmes sont moins susceptibles d'être embauchées et promues à des postes de direction.
Ses recherches de 2019 montrent que pour 100 hommes recrutés dans des équipes et promus à des postes de direction, seules 72 femmes ont bénéficié de promotions équivalentes. Les hommes occupent 62% des postes d'encadrement, les femmes seulement 38%. Et bien qu'un tiers des entreprises interrogées dans le cadre de cette enquête se soient fixé des objectifs de parité pour les postes de cadres de premier niveau, 41% d'entre elles n'ont pas fait de même pour les postes de cadres supérieur·es.
En manque de modèles
Le manque de modèles pour les communautés minorisées a un impact crucial sur leur sentiment de non-appartenance ou d'inaptitude au milieu de l'entreprise. Sans cette représentation, il n'y a pas de «signal de possibilité d'avancement», explique Thema Bryant-Davis, psychologue noire et professeure de psychologie à l'université de Pepperdine en Californie. Ni de possibilité de prendre exemple sur quelqu'un·e pour «gérer les réalités des stéréotypes, de la stigmatisation et de l'oppression, afin de progresser», poursuit-elle.
Autre facteur qui favorise grandement l'émergence du syndrome de l'imposteur: les stéréotypes racistes et sexistes –«les femmes ne sont pas de bons leaders parce qu'elles sont trop émotives», «les Noirs sont paresseux»– qui conduisent les personnes minorisées à douter d'elles-mêmes, explique Thema Bryant-Davis.