Santé

Une femme souffrant de dépression s'est prise pour une poule

Temps de lecture : 2 min

Il s'agit d'un cas de zoanthropie, dont l'incidence pourrait être sous-estimée.

La zoanthropie clinique, qui consiste à se prendre pour un animal, reste une illusion rare. | Anh Nguyen via Unsplash 
La zoanthropie clinique, qui consiste à se prendre pour un animal, reste une illusion rare. | Anh Nguyen via Unsplash 

Un article du Guardian rapporte une étude réalisée par une équipe de recherche flamande de l'université de la KU Leuven. Elle a travaillé sur la zoanthropie, qui désigne le fait pour un être humain de se prendre pour un animal. Le nombre de personnes atteintes par ce trouble mental clinique pourrait être sous-estimé.

Un trouble lié à la dépression

L'étude rapporte le cas d'une femme belge de 54 ans qui se prenait pour une poule. Son frère l'a retrouvée dans le jardin en train de glousser et de chanter comme un galliforme. On ne lui a trouvé aucun antécédent d'alcoolisme ou de prise de drogue. À son arrivée aux urgences, elle a exprimé l'idée qu'elle pensait être une poule et a expliqué ressentir des sensations étranges au niveau de ses membres. Les hallucinatons ont disparu à la fin de la crise, dont elle a gardé peu de souvenirs. Les médecins ont émis l'hypothèse que cette femme était en proie à un trouble de santé mentale lié à la dépression dont elle souffrait à la suite de la mort d'un membre de sa famille.

L'étude a été publiée dans le journal médical Tijdschrift voor Psychiatrie. Les personnes qui l'ont menée affirment que la maladie peut être reliée à des troubles psychiatriques sous-jacents tels que la schizophrénie, la dépression psychotique ou les troubles bipolaires. Les symptômes de la zoanthropie durent généralement d'une heure à plusieurs dizaines d'années. Ces illusions seraient plus répandues dans les zones rurales et non industrielles.

La femme dont il s'agit était en couple depuis vingt ans et occupait un emploi stable dans une pharmacie, où elle est retournée travailler un an plus tard.

Une sous-déclaration des cas

Les spécialistes pensent que les cas de zoanthropie ont été sous-déclarés en raison des difficultés que les patient·es éprouvent à expliquer et exprimer leurs pensées. On ne compte que cinquante-six descriptions de cas dans la littérature médicale et historique entre 1850 et 2012. Selon les cas rencontrés, les individus se prenaient pour un chien, un lion, un requin ou encore une abeille.

Quant aux sensations particulières au niveau des membres, les psychiatres de l'étude recommandent de faire passer une IRM (imagerie cérébrale) et un EEG (électroencéphalogramme) aux patient·es concerné·es.

Les personnes à l'origine de l'article expliquent qu'il n'existe pas encore de consensus relatif à l'origine de cette pathologie. «La zoanthropie clinique ou la conviction d'être devenu un animal, est une illusion rare, est-il précisé. Il existe différents points de vue sur sa pathogenèse. Cette illusion peut survenir avec un trouble psychiatrique sous-jacent, mais elle peut aussi être secondaire à des troubles structurels ou fonctionnels du cerveau.»

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