Si rendre service n'est pas nécessairement un comportement humain inné, nous sommes socialement conditionné·es à vouloir aider quand on nous le demande, rapporte The New York Times.
«Nous avons ce besoin fondamental d'appartenance, et ce besoin fondamental de nous sentir comme des gens bien», détaille Vanessa Bohns, professeure agrégée en comportement organisationnel à Cornell. «Dire non à quelqu'un, rejeter quelqu'un qui a besoin de notre aide, va à l'encontre de ces deux points.»
Mais le fait d'être l'ami·e, le membre de la famille ou l'être chère constamment sollicitée pour des tâches, peut avoir des conséquences néfastes. Nous attendons de nos relations qu'elles soient équilibrées.
Se poser, réfléchir
Les recherches montrent que nous avons tendance à accepter de rendre service parce que nous sommes en pilotage automatique. Accepter une demande est presque une réaction sociale instinctive.
Il est donc important de prendre le temps de vraiment digérer la nature d'une faveur, conseille Deborah Tannen, professeure de linguistique à l'université de Georgetown.
Ne prenez pas une décision impulsive basée uniquement sur une volonté d'aider, surtout lorsque les appels à l'action abondent. Pensez aux sacrifices que vous aurez à faire. Serez-vous obligé·e de reprogrammer des réunions au travail? Quels autres services rendez-vous actuellement en parallèle? Mais également: qu'est-ce vous y gagnez?
«Cela semble égoïste, mais ce n'est pas le cas», analyse Deborah Tannen. «Si vous êtes surmené et stressé par les faveurs que vous avez acceptées, vous avez essentiellement perdu le contrôle de votre propre vie et vous n'avez pas le temps de vous reposer, de prendre soin de vous.»
Le regard des autres
La tendance interpersonnelle à demander des faveurs peut affecter la façon dont les autres nous perçoivent et nous inciter à être plus agréable. Le phénomène connu sous le nom d'effet Ben Franklin postule que les gens nous apprécieront davantage lorsque nous leur demanderons des faveurs. Une étude de 2014 publiée dans le Journal of Social Psychology a soutenu cette théorie, en constatant que les individus ont un sentiment accru de proximité avec la personne qui leur a demandé un service.
Si la culpabilité est votre principale motivation, peut-être vaut-il mieux dire non, conseille Susan Newman, psychologue sociale. Accepter d'aider un ami à déménager, malgré une récente blessure au dos, juste parce que vous vous sentez coupable de dire non, ne sert pas votre bien-être. Refusez poliment et effacez tout sentiment négatif. Les demandeurs pensent rarement à la raison pour laquelle vous avez refusé, explique la psychologue.
Le simple fait que vous ayez dit que vous le feriez, puis que vous y réfléchissiez et que vous réalisiez que vous n'êtes pas du tout à l'aise à ce sujet ne signifie pas que vous ne pouvez pas changer d'avis. Le secret pour ne pas froisser reste la communication.